7/10La Légende des nuées écarlates - Tome 1 - La ville qui parle au ciel

/ Critique - écrit par iscarioth, le 01/11/2006
Notre verdict : 7/10 - La BD qui parle aux yeux (Fiche technique)

La légende des nuées écarlates est une oeuvre de dessinateur plus que de scénariste. Les ambiances, l'atmosphère et l'univers sont là, sans que la fiction en elle-même ne réussisse à nous transporter.

Une envolée de feuilles aux couleurs automnales et en forme d'étoile, un toit enneigé aux allures traditionnelles et moyenâgeuses du pays du soleil levant, un héros au long sabre, dressé comme un spectre... Dès la couverture, le décor est planté. Saverio Tenuta, l'auteur, a beau venir d'Italie, c'est dans la langue des samouraïs que son livre est sous-titré pour son édition française...


La légende des nuées écarlates
s'annonce être la quintessence de ce que l'on appelle la vague orientaliste en bande dessinée. Le dernier succès du genre, c'est Okko, chez Delcourt. Ouverts sur le monde, les auteurs européens ont depuis longtemps été influencés par le modèle outre-atlantique, notamment cinématographiquement. L'autre cinéma, celui de l'Asie en général et du Japon en particulier, s'est lui aussi développé dans les esprits, constituant une autre source d'influence prodigieuse, enclin à la création d'oeuvres à l'exotisme le plus dépaysant. Tenuta nous donne donc à lire un Japon du moyen âge mythique, baroque, artistiquement sanguinolent. L'album s'ouvre sur un récit traditionnel avant de nous présenter les deux principaux personnages : Raido, un samouraï sans maître amnésique et Meiki, une jeune marionnettiste. La ville qui parle au ciel fait partie de ces albums dont l'essentiel des événements est facile à percevoir, bien que la narration, poétique, onirique, puisse effrayer et faire penser à un récit tortueux. Les deux individus, Raido et Meiki, se rencontrent et s'extirpent l'un l'autre de leurs démons.


L'album repose sur une composition en flash back. L'intrigue se situe à plusieurs niveaux dans le temps. Le personnage principal et héros nous est présenté blessé, on remonte ensuite au moment de son combat qui lui a valu de perdre un bras et un oeil. Le tout sans jamais déstabiliser le lecteur, notamment grâce à ces repères physiques évidents. La légende des nuées écarlates, sans grande originalité dans le fond, impressionne pour le moment surtout par sa forme. On n'est pas surpris de lire que Saverio Tenuta est sorti diplômé de peinture de l'Académie des Beaux Arts de Rome. Ses décors et couleurs sont absolument magnifiques, débordant de couleurs et de nuances. Tenuta reprend à son compte toute l'imagerie teintée de mystère qui colle à la peau du Japon médiéval. Le Japon des samouraïs comme un lieu mythique et fantastique. Sanguinolent, riche dans ses ambiances de couleur, La légende des nuées écarlates peut faire penser à l'excellente série de Mills et Ledroit,
Requiem chevalier vampire, elle aussi à retenir pour la richesse de son univers graphique.


La légende des nuées écarlates est donc une oeuvre de dessinateur plus que de scénariste. Les ambiances, l'atmosphère et l'univers sont là, sans que la fiction en elle-même ne réussisse à nous transporter. Les choses s'amélioreront peut être avec les tomes suivants. En attendant, ce premier album annonce une incontestable réussite esthétique.