3.5/10Astérix - L'anniversaire d'Astérix & Obélix : Le livre d'or

/ Critique - écrit par riffhifi, le 23/10/2009
Notre verdict : 3.5/10 - L'ivre dort (Fiche technique)

Histoires inédites ? Scénarios de Goscinny ? Cet album spécial concocté pour le 50ème anniversaire du Gaulois promettait monts et merveilles. Il ne délivre qu'une poignée d'illustrations pour fans, sans l'ombre d'une idée nouvelle ni le moindre éclat d'humour.

Astérix est apparu pour la première fois dans les pages de Pilote, le 29 octobre 1959. Son cinquantième anniversaire ne pouvait pas se permettre de passer inaperçu : comédie musicale, fiesta au parc Astérix... et sortie d'un nouvel album, prudemment sous-titré Le livre d'or, histoire d'annoncer à la fois qu'il s'agit d'un objet collector et qu'il ne faut pas trop s'attendre à y trouver une intrigue. De fait, le contenu est un bric-à-brac de tout et de n'importe quoi, empilé dans le seul but apparent de parvenir à l'objectif des 54 pages.

Dans le désordre, on trouve au fil des pages une vision du village gaulois peuplé de vieillards (tel qu'il serait en réalité cinquante ans après sa création par ses auteurs), une collection de tableaux "à la manière de" (Astérix vu par Arcimboldo,
la femme d'Agecanonix version Joconde), une série de "prises ratées" façon bêtisier des albums précédents, un panorama des personnages de la série qui envoient leurs vœux d'anniversaire aux deux héros... Car oui, comme le titre le rappelle, Astérix et Obélix ont le même anniversaire car ils sont nés le même jour : la nouvelle provient de l'album Astérix et Latraviata, et apparaissait déjà comme une idée bien naze au regard du scénario d'Obélix et compagnie, où l'anniversaire du gros était célébré sans que nul ne mentionne celui du petit. Bref, le recueil aligne quelques concepts d'intérêts variables, qui lui permettent d'une part de fignoler de belles images (quelle part y ont les assistants Thierry et Frédéric Mébarki, on l'ignore), d'autre part de recaser des cases (littéralement, donc) provenant des tomes précédents. Le résultat est agréable à feuilleter, mais ne raconte strictement rien, fait preuve d'un humour anémique et édenté que l'on croirait sorti d'un cahier de vacances pour collégien, et croit malin de multiplier les clins d'œil XXL à la musique et au cinéma par le biais de parodies (couverture d'un album des Beatles, réplique de
Titanic... que du léger). On préfèrerait presque relire Istérix, qui proposait il y a vingt ans un recueil de pastiches avec une certaine lourdeur et un zeste de vulgarité. On le savait depuis Le ciel lui tombe sur la tête (oh qu'il était bien nommé celui-là) : Albert Uderzo a totalement perdu la gouache. Qu'il ait cessé d'aimer ses personnages ou qu'il soit simplement devenu incapable de le montrer, la conséquence est la même : la production astérixienne fait désormais mal au cœur.


La seule bonne nouvelle du moment, finalement, est la perspective que le prochain album ne soit pas écrit par Uderzo mais par un nouveau venu (on parle de Christophe Arleston). Visuellement, les Mébarki semblent prêts à reprendre le flambeau, puisqu'on ignore désormais ce qui vient d'eux et ce qui vient du boss. Et c'est bien ce qui sauve, dans une certaine mesure, ce livre d'or : c'est un plaisir pour les yeux (parsemé néanmoins d'images déjà connues).

Difficile d'échapper à l'album, dont les exemplaires composent de gigantesques tours présentes sur chaque mur de toutes les librairies de France depuis hier. Les ventes vont être phénoménales, pas d'inquiétude pour le porte-monnaie d'Uderzo, mais on peut légitimement regretter que les petits Gaulois soient devenus de façon aussi ostensible de simples produits de consommation, au point que leur cinquantième anniversaire soit célébré par une bande dessinée aussi dépourvue d'intérêt, de malice, de drôlerie et (disons-le, merde) d'âme.