7.5/10The Autobiography of a Mitroll - Tome 1 - Mum is dead

/ Critique - écrit par riffhifi, le 16/12/2008
Notre verdict : 7.5/10 - Tu te crois troll ? (Fiche technique)

Guillaume Bouzard serait-il un fils de Troll ? De ce postulat décalé, l'auteur tire une bande dessinée cocasse et personnelle, qui appelle de ses vœux une suite qu'on suppose plus riche.

Le désormais quadragénaire Guillaume Bouzard, après avoir nourri les éditeurs indépendants comme 6 pieds sous terre et Les requins marteaux, a fait son chemin vers le grand public en investissant les pages de Fluide Glacial et de So foot, pour finalement se voir édité par Dargaud en 2007 (Football football, compil de ses
bandes pour l'un des deux magazines précités - on vous laisse deviner lequel). Le voici maintenant sélectionné au Festival d'Angoulême, pour son deuxième album dans la collection Poisson Pilote... L'origine de cette Autobiography of a Mitroll, c'est pourtant chez les Requins Marteaux qu'il faut la chercher (il s'agit toujours d'animaux marins, notez bien) : misant sur la popularité des bandes dessinées autobiographiques décalées façon Larcenet (Le combat ordinaire, Le retour à la Terre...), Bouzard y a signé trois tomes de The Autobiography of me too, dont le dernier volet est paru début 2008. Quelle est la différence entre « me too » et un « mitroll » ? Une poignée de fantaisie supplémentaire...

Vous avez dit « Bouzard » ? Comme c'est étrange (de vie)...

Lorsque Guillaume Bouzard se rend à l'hôpital pour assister aux derniers instants de sa mère, il est assailli par une révélation de taille : l'identité de son père, qu'il n'a jamais connu. Apparemment, Guillaume serait le fils... d'un Troll. Ce qui ferait de lui un Mitroll. Perplexité du héros et de sa copine, sollicitation d'un pote biologiste (du dimanche), et hop, l'enquête commence.

Le dessin de Bouzard ne change pas dans cette nouvelle Autobiography : le gaufrier régulier, à base de dessins verticaux, est étudié pour représenter des gens plutôt que des paysages ; et la couleur de Philippe Ory ne constitue qu'une pure
décoration dans un album axé sur le dialogue plutôt que sur la prouesse graphique. Ici, plus que jamais, l'auteur joue à l'équilibriste entre le récit personnel et la pure fiction, sans que l'on sache jamais quelle part exacte est occupée par chacun... bien qu'on ait sa petite idée sur Flopi, le chien qui parle et qui balade son chapeau et sa mauvaise humeur aux côtés du héros. Dommage d'ailleurs que cette partie road-trip, annoncée sur la couverture et constituant probablement la force vive de la série, ne commence que vers la fin de l'album, faisant de ce Mum is dead une longue introduction plutôt qu'une histoire à part entière. La lecture n'en est pas moins savoureuse, chacun des rares personnages ayant suffisamment de personnalité pour faire sourire, mais on attend plus de contenu dans la suite annoncée sous le titre Is dad a Troll ?

Cocasse mais un peu long à se lancer, The autobiography of a Mitroll pourrait être le tremplin de Bouzard vers un large public... à condition que le tome 2 tienne la route. En attendant, la sélection à Angoulême ne peut pas lui faire de mal.