8.5/10Henriette (Le journal d'Henriette)

/ Critique - écrit par Maixent, le 03/11/2008
Notre verdict : 8.5/10 - Journal pas si intime (Fiche technique)

Le journal d'Henriette se lit avec un vrai plaisir, que ce soit pour le dessin naïf ou la sensibilité des auteurs qui confirment encore une fois leur regard acéré et tendre sur la société.

Inutile de présenter encore Dupuy et Berberian. Auteurs prolifiques qui hantent le monde de la bande dessinée depuis maintenant plus de 20 ans. Pour ceux qui ont besoin de se rafraîchir la mémoire, il est toujours possible de relire la critique de leur dernier album, Bienvenue à Boboland.
Dupuy et Berberian ont toujours su associer dans leurs bandes dessinés un dessin et un scénario faussement ingénus. Ce qui apparaît au premier abord comme une bande dessinée pour enfants révèle en fait beaucoup plus de profondeur qu’il n’y paraît. C’est le cas pour Henriette, récit d’abord paru sous le titre Le Journal d’Henriette chez Fluide Glacial en noir et blanc en 1988.Desespoir d'Henriette
Désespoir d'Henriette

Henriette est une petite fille comme les autres, mais légèrement différente. Un peu plus ronde, un peu moins hystérique face aux boys band, un peu plus critique surtout par rapport au monde qui l’entoure. A travers ce personnage à grosses lunettes et nœuds rouges, Dupuy et Berberian explorent le monde difficile de l’adolescence. Henriette est à mi-chemin entre le monde de l’enfance où se côtoient rêves et indolence et celui des adultes vers lequel elle tend mais qui lui apparaît absurde et complexe. Dans sa construction mentale, pour éviter ses copines langues de vipères et ses parents insupportable, Henriette s’évade avec pour compagnie de son ami imaginaire, Fatman.
Parents absents
Parents absents
Les passages avec Fatman sont truculents. Confrontée à des problèmes (relatifs) de surpoids, Henriette se crée un super héros à sa mesure, justicier masqué dévoreur de cheesburgers. Ce dernier prend d’ailleurs de plus en plus de place dans sa vie de tous les jours, jusqu’à apparaître en chair et en os.
Tout y passe dans cet album, mais sans jamais donner dans la surenchère et la critique facile. Les stars d’un jour à la célébrité éphémère drainant des foules de gamines hystériques, les jeux vidéos addictifs et les parents pris dans l’engrenage de leurs problèmes, bien loin des demandes pourtant légitimes de leur fille.
On remarquera surtout la finesse du jugement des auteurs qui partent d’uFatman?
Fatman?
ne situation anodine, mais cependant  troublante pour la jeune fille en devenir complexée qu’est Henriette, plutôt boulotte et première de la classe que blonde peroxydée sans cervelle, pour toujours arriver à un dénouement plein de sens et de tendresse sans sombrer dans le pathétique ou la philosophie de bas étage.

Henriette reste un personnage drôle et touchant à la fois, et toujours d’actualité. Même si les boys band sont un peu passés de mode, il existe toujours des équivalents et les jeunes ados pourront sans peine se reconnaître dans cette héroïne intemporelle. Une bd à conseiller pour tous les publics pour passer un moment agréable.