8.5/10Les Sentinelles - Chapitre 3ème : Avril 1915 - Ypres

/ Critique - écrit par plienard, le 22/03/2011
Notre verdict : 8.5/10 - Les gardiennes d’un espoir (Fiche technique)

La guerre s’enlise dans les tranchées. Le constat est implacable. Personne n’avance. Aussi bien, les Allemands que les Alliés. Le colonel Mirreau en profite pour présenter sa nouvelle sentinelle, Pégase, qui peut voler.
La nouvelle sentinelle.
En apportant son aide à Taillefer et Djibouti pour faire une percée à Ypres, elle doit permettre de décider le président français à la production en série des sentinelles. Pendant ce temps, pour lutter contre ce trio, les Allemands créent l’übermensch, un surhomme dopé au dexynal et surtout ils vont passer à l’acte en utilisant les gaz.

Entre histoire de super-héros et récit historique, Xavier Dorison a choisi. Ce sera les deux. Déjà convaincu par les deux premiers albums, le scénariste remporte encore la mise avec l’aisance qui semble être la sienne à créer des histoires prenantes. Sous couvert de faits historiques, l’auteur de Troisième testament, Prophet, Sanctuaire ou encore Long john Silver nous raconte une histoire fantastique dans laquelle des hommes ordinaires, transformés en super-hommes vont essayer de faire gagner la guerre à la France. Mais ils vont devoir pour cela mettre peu à peu leurs idéaux de côté. La guerre est moche, surtout celle-là. Et si Taillefer est le plus idéaliste, il commence à comprendre qu’il perd une part de son humanité.

Pour ce troisième opus, on retrouve toujours Enrique Breccia. Issu d’une famille d’illustrateur argentin, il est aussi l’un des plus talentueux de son pays. Son trait allie fantastique et réalisme avec une confondante facilité. On retrouve dans le style des personnages des points communs avec ceux de François Boucq (Bouncer, le janitor …). Les visages sont vraiment expressifs.
DR.
La folie, le désespoir, la colère, l’horreur, tous les sentiments ressortent. Mais si le récit est crédible, c’est aussi grâce à la facilité qu’a le dessinateur à donner une identité historique aux sentinelles. Elles semblent tout droit sorties des tranchées. Leurs caractéristiques techniques correspondent bien aux techniques et aux instruments de l’époque, comme si elles avaient existé. Et cela participe à l’immersion du lecteur dans le récit.

Le sujet traité et le contexte historique n’est pas sans rappeler aussi la série Tanâtos de Didier Convard et Jean-Yves Delitte. On saluera la maitrise des auteurs à nous montrer que la folie humaine (comme l’utilisation des gaz mortels) surpasse la folie créatrice (et sans dangers) d’un auteur de bande dessinée qui crée des surhommes. Et si cette réalité est bien triste, l’histoire est heureusement passionnante.


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