6/10The X-Files - Tome 1 - Paranoïa

/ Critique - écrit par athanagor, le 10/08/2009
Notre verdict : 6/10 - ... sur X (Fiche technique)

Toujours dans une veine créatrice folle, les éditions Fusion Comics proposent à nouveau une version BD d'une série culte, et la surprise est presque bonne.

Les éditions Fusion Comics, abritées par Soleil, s'attaquent, après la tueuse de vampire et les politiciens volants, à une nouvelle série culte du petit écran. Mettant en scène les deux inspecteurs du FBI les moins populaires à la machine à café du J. Edgar Hoover Building, elle tente de prolonger, par de nouvelles intrigues à faire froid dans le caleçon, la magie et le mystère qui firent le succès de la série.

Cette BD raconte deux histoires séparées, dont seule la première a un réel rapport au titre de l'ouvrage. Utilisant chacune des sujets qui sont plus
difficiles à gober que réellement paranormaux, elles sont à deux doigts de réussir le passage du petit écran au petit papier.

Pour asseoir sa filiation, l'ouvrage tente de respecter au maximum les codes de la série et les éléments si particuliers qui la composent, allant même, au-delà des inserts blancs qui situent l'action, jusqu'à utiliser une page de générique, reprenant les images de la série. Ce procédé, qui permet d'honorer tous les intervenants du comics, du scénariste au lettreur, comme le ferait un vrai générique télé, installe le lecteur qui connaît déjà la série dans une ambiance familière. Et pour le coup on s'y retrouve assez bien. Pourtant certains détaillent pêchent et les inconvénients de ces qualités finissent par apparaître.

Bien que ce comic ne se contente pas d'être une simple capture d'écran, et tâchant de dépasser le caractère télévisuel, pour devenir un véritable objet de lecture, en adaptant sa narration, l'identification à l'objet originel reste trop marquée. Tous les personnages familiers sont là, des deux agents cultes à Skinner, en passant par les potes nerd de Mulder, qui tous sont dessinés sur le modèle des acteurs de la série. Un autre détail, de prime abord amusant, remet la BD au pied de ses origines télévisuelles : les deux histoires sont coupées en deux par une page de générique. Séparant peut-être les parutions de départ, ces coupures annoncées par un « à suivre... » n'évoquent pas tant un épisode en deux parties qu'une coupure pub permettant au téléspectateur effrayé d'aller recharger les batteries aux toilettes. Ainsi, constamment ramené vers ces racines télévisuelles, on est vite mis sur la piste de ce
qui ne va pas. Car un des éléments fondateurs du succès de la série ne peut tout simplement pas être utilisé ici, et la référence constante au média de base finit par souligner cette absence. En effet, à aucun moment la BD ne fredonne la musique de Mark Snow. Pas de nappes de synthé interminables pendant les dialogues sur la probabilité d'un virus extra-terrestre. Pas non plus de courses de violons synthétiques pendant que le mutant vole les croquettes du berger allemand, alors que ce dernier regarde l'abomination lui piquer son repas en penchant la tête vers la droite (ou la gauche, selon les pays de diffusion) avec un léger couinement de perplexité. Cet élément qui a fait une bonne partie du succès de la série finit par manquer cruellement et on a alors l'impression de regarder un épisode sans le son, avec quand même des sous-titres pour la compréhension.

En effet, le pari était presque réussi de transposer la série en comics. Mais on s'explique mal comment la volonté de se démarquer de l'objet télévisuel pour les aspects narratifs n'a pas pu s'étendre aux autres éléments. L'œuvre reste alors fixée aux caractéristiques de ses origines et n'arrive pas à se créer une identité propre. En résulte une réalisation bâtarde, à cheval entre les deux mondes. Puis, cet équilibre ne pouvant demeurer longtemps, la partie est immanquablement gagnée par l'aspect télévisuel, plus familier. Il en ressort une vraie déception que la fin de la deuxième histoire, à l'apparence vite torchée, finira de confirmer, tant un manque de conviction des auteurs semble poindre.