Biographie de Chuk Palahniuk

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Chuck Palahniuk est certainement l'auteur américain contemporain le plus inventif du moment. Surtout connu au travers du film-culte Fight Club tiré de son premier roman publié il propose une vision à la fois noire et burlesque mais surtout complètement déjantée de notre temps. Un portrait chinois de cet auteur pourrait être le suivant. Palahniuk est un mélange de Tom Sharpe (Wilt, Panique à Porterhouse, Mêlée ouverte en Zoulouland) pour son sens du burlesque et des situations délirantes, de Dostoievsky pour la noirceur et le côté torturé de ses personnages, de Sade pour le côté inimaginablement incorrect (il faut savoir qu'il a eu énormément de mal à se faire publier : les maisons d'édition n'osant pas prendre de risques) de ses écrits aux côté desquels les passages les plus controversés de Houellebecq font figures de bluettes, de Nietzsche pour son approche disons... très critique et personnelle de la religion, et finalement de personne pour son style reconnaissable entre tous, formé de phrases chocs, très courtes, incisives. L'utilisation à grande échelle de répétitions de phrases-clefs dénotant les obsessions des personnages : les « Je suis le cerveau malade de Jack », la répétition dans les règles du Fight Club ou encore « « Sauveur » n'est pas vraiment le mot qui convienne, mais c'est le premier qui vient à l'esprit » dans Choke...

Une autre caractéristique de ses romans est qu'ils sont imprévisibles au sens plein du terme. Il est quasiment impossible de deviner ce qui peut se passer à l'horizon des dix prochaines pages seulement. Palahniuk a une capacité insoupçonnable de détournement (certains diraient de perversion) des situations les plus banales. N'importe quel acte quotidien peut finir par revêtir une signification métaphysique. Cette tendance au détournement des situations se retrouve aussi dans le détournement des objets. Un exemple tiré de Fight Club est particulièrement éclairant : de la cellulite extraite par liposucion, ses personnages produisent un savon (qu'ils vendent dans des boutiques de luxe, une sorte de retour à l'envoyeur) qu'ils finissent par transformer en explosifs...

Les thèmes Palahnukiens tournent principalement autour des problèmes liés à l'identité (qui est-on réellement, quels sont les buts de l'existence ?) à sa construction mais aussi à sa destruction. Palahniuk s'acharne aussi à détruire toutes les icônes de la modernité avec une férocité joyeuse. Que ce soit la tyrannie de la beauté (Monstres Invisibles, Fight Club), le pouvoir des médias (Survivant), les psychothérapies de groupes (Fight Club, Choke), le porno (Survivant, Choke)... On pourrait même aller jusqu'à dire que ses quatre premiers opus ne sont que des variations sur ces mêmes thèmes.

Pour l'instant seuls ses quatre premiers romans sont publiés en France. Palahniuk, ayant déclaré avoir fait le tour des problèmes qui le taraudaient, s'attaque à un nouveau style, le roman d'épouvante avec Lullaby. Pour l'instant ne sont publiés en France que les romans suivants :

Fight-Club : c'est la version Punk/Rap dont se dégage une énergie incroyable et une rage destructrice impressionnante. (édition poche Folio SF : le côté SF étant comment dire ? « étonnant » est le premier qui vient à l'esprit mais ne convient pas vraiment)

Survivant : dans ce roman l'approche est plus mystique, les sujets de la vie et de la mort sont centraux. Le simple fait que le roman soit la transcription d'une boîte noire-testament tirée du crash d'un avion détourné par le narrateur donne le ton. (édition Gallimard La Noire : classé comme polar, un classement en SF aurait été pire sinon n'importe quelle autre catégorie aurait été plus adaptée...)

Choke : Si dans Fight Club ce sont surtout les obsessions sociales qui sont abordées dans celui-ci on traite du côté sombre de la psyché dans une approche beaucoup plus personnelle. Sûrement le plus délirant du lot. (édition Denoel et ailleurs)

Monstres invisibles : Un mannequin défigurée par un coup de fusil de chasse devient invisible : plus personne ne la remarque, elle doit se réinventer une vie... Un road movie émouvant, le moins (mais tout est relatif) déjanté de l'oeuvre de Palahniuk. (édition Gallimard la Noire)