7/10Zodiac

/ Critique - écrit par riffhifi, le 19/05/2007
Notre verdict : 7/10 - Horoscop (Fiche technique)

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David Fincher ne refait pas le coup de Seven avec cette reconstitution minutieuse d'une histoire vraie...

Un film de David Fincher sur un serial killer qui nargue la police ? C'est une suite de Se7en (Ei8ht) ? Non, le rapport entre les deux films est plus lointain qu'il n'en a l'air : cette fois, il s'agit de faits réels, le Zodiac ayant revendiqué 37 meurtres de 1966 à 1978...

Surnommé par les médias « le tueur au code », autodésigné sous le nom de Zodiac, un tueur en série sévit aux alentours de San Francisco. L'affaire est suivie par les détectives Dave Toschi (Mark Ruffalo) et Bill Armstrong (Anthony Edwards), mais également par le journaliste Paul Avery (Robert Downey Jr) et surtout par le dessinateur Robert Graysmith (Jake Gyllenhaal).

La ressemblance avec Seven est vite écartée : ici, l'atmosphère n'est pas ésotérique, le tueur n'a pas de message à faire passer ni de mission divine. L'accent n'est pas tellement mis sur l'enquête policière, mais plutôt sur l'obsession d'un jeune dessinateur qui doit connaître l'identité du Zodiac pour avoir l'esprit tranquille. Les meurtres sont montrés dans toute leur atrocité, crûment, sans dramatisation de la mise en scène.
Mais la différence essentielle, c'est que le récit est basé entièrement sur la réalité. Le scénario ne cherche pas à tirer le jus dramatique de l'histoire du Zodiac, pour en faire une fiction comme dans l'Inspecteur Harry en 1971 (à l'époque où le tueur sévissait encore !). Il cherche au contraire à exposer avec le plus de précision possible les moindres évènements et détails liés à cette affaire, au détriment parfois de toute tension dramatique. En-dehors des quelques scènes de meurtres, ce n'est donc pas vraiment à un thriller qu'on assiste ici, mais plutôt à un documentaire richement illustré.

La qualité de la réalisation n'est pas en cause, elle est servie par une reconstitution exemplaire des années 70 : Fincher est un perfectionniste et bénéficiait de 80 millions de dollars ; il a obtenu des studios le droit de tourner en vidéo Haute Définition, avec la même caméra que Michael Mann pour Miami Vice, donnant au film un réalisme assez marqué. La qualité de l'interprétation est intouchable : tous les acteurs sont parfaits, ce qui est un minimum quand on sait que Fincher a profité du format vidéo pour multiplier les prises (en moyenne une soixantaine par plan !) ; Robert Downey Jr. interprète notamment un journaliste décadent très réussi.
Mais plus l'intrigue avance, plus on s'éloigne de la tension que peut générer l'existence d'un tueur omniprésent pour se concentrer sur le simple mystère suivant : qui est-il ? Tous les éléments disponibles sont mis entre les mains du spectateur, de façon à ce qu'il se fasse une opinion personnelle sur l'affaire. Mark Ruffalo explique : « Si le film est basé sur les livres de Graysmith, Fincher a réuni plus d'une tonne de documentation et d'interviews qu'il a lui-même menées. Quand il a montré tout ça à un policier du SFPD, ce dernier s'est exclamé : « Mon dieu, nous n'avons même pas pu rassembler autant d'informations ! » »*. Imbattable du point de vue documentaire, donc. Mais pour le frisson, l'émotion, on repassera : le plaisir à prendre ici est essentiellement intellectuel.

Pour l'amateur de charade (ce qui est le cas de Graysmith, d'où son obsession presque abstraite pour cette enquête), Zodiac est une mine ; pour l'amateur de thriller néanmoins, il est plutôt source de frustration.


* Source : Mad Movies n° 194 (février 2007)