6/10Le choc des Titans - 1981

/ Critique - écrit par riffhifi, le 11/04/2010
Notre verdict : 6/10 - Zeus m'habite (Fiche technique)

Une fantaisie mythologique portée essentiellement par les effets spéciaux de Ray Harryhausen. Instantanément ringard dès sa sortie, le film se regarde aujourd'hui comme une friandise nanardesque.

Dans les années 50-60, le king des effets spéciaux s'appelait Ray Harryhausen : Les soucoupes volantes attaquent, Le septième voyage de Sinbad, Les voyages de Gulliver, Jason et les Argonautes, Un million d'années avant J.C., autant de films dont le réalisateur s'effaçait derrière la personnalité de l'artiste Harryhausen, en charge de l'animation des créatures les plus étonnantes. Arrivé au début des années 80, le bonhomme devenu sexagénaire avait ralenti son activité, n'ayant participé qu'à deux Sinbad au cours des 70s. Pourtant, l'idée de plonger à nouveau
dans la mythologie grecque, par le biais d'une histoire riche en monstres divers, l'incita à produire cette ultime fantaisie. Mais entre-temps, Star Wars et Rencontres du troisième type sont passés par là, et l'animation stop-motion semble bien surannée à une époque où l'animatronique est sur le point d'émerger (sans même parler des images de synthèse, qui pointeront leur nez dès 1985).

Le scénario, sans trop s'embarrasser de fidélité aux textes anciens, réinvente le chemin de croix de Persée, fils de Zeus et de la mortelle Danaé : capturer Pégase, tuer la gorgone Méduse, affronter des scorpions et des chiens à deux têtes sont autant de formalités que le jeune demi-dieu devra accomplir pour gagner le respect des barbons colériques et capricieux de l'Olympe. Relativement protégé par son statut de chouchou de Zeus, il souffre essentiellement du handicap d'être incarné par Harry Hamlin, dont l'aspect demeuré laisse songeur quant à ses capacités d'initiative. Heureusement, les acteurs qui l'entourent correspondent tous à leur stéréotype : Zeus est incarné par l'ex-Hamlet Laurence Olivier, Aphrodite par l'ancienne James Bond girl Ursula Andress, Poséidon par l'ancien officier de la Navy (!) Jack Gwillim, et le mentor de Persée par Burgess Meredith, connu pour son rôle de... mentor de Rocky Balboa dans la célèbre saga.

Réalisé par Desmond Davis, mercenaire de la télévision britannique, Le choc des Titans ne fait pas grand cas de son scénario (oubliez le suspense : le final est Snake eyes
Snake eyes
annoncé par le titre et l'affiche) et se présente délibérément comme un catalogue de créatures animées, au point d'en oublier la frontière entre le nécessaire et le ridicule : était-il bien utile, par exemple, d'utiliser une marionnette animée pour figurer l'humanoïde Calibos dans les plans larges, alors que les plans rapprochés font appels à un acteur ? Le procédé permet de l'affubler d'une queue mobile, mais lui confère une apparence sans cesse changeante. Par ailleurs, et malgré l'aspect culte que la bestiole a pris au fil du temps, la chouette mécanique envoyée par Athéna n'apparaît comme rien de plus qu'un gadget anachronique, aux aptitudes vocales manifestement pompées sur celle du droïde D2R2 de la Guerre des étoiles (nous y revoilà). Quant aux surimpressions grâce auxquelles les animations sont intégrées dans l'action, elles s'avèrent parfois ahurissantes, conférant à l'image un aspect bien plus kitsch que les films des sixties assurés par Harryhausen. Quelques éléments viennent nous rappeler que nous sommes bien en 1981 : une réalisation plus encline à proposer des plans rapprochés, un sein dénudé par-ci par-là... Mais globalement, Le choc des Titans fait figure d'aberration dans son époque, ce qui explique sans doute son aura intemporelle, et la volonté d'Hollywood d'en produire un remake en 2010 (au lieu de faire simplement "un nouveau film sur Persée"). Et pour qui apprécie les effets spéciaux en stop-motion, le film conserve un attrait certain, bien qu'il soit loin d'être le meilleur représentant de sa catégorie.