8/10Hard Candy

/ Critique - écrit par Vincent.L, le 26/09/2006
Notre verdict : 8/10 - Candy Man (Fiche technique)

Tags : hard candy film slade david page livraison

Du fait de son extrême sensibilité, le thème de la pédophilie est rarement abordé au cinéma. Hard Candy, réalisé par David Slade, un habitué des clips (notamment pour le label Warp), prend le contrepied d'une dénonciation scolaire. Il propose en effet un thriller psychologique intense, rythmé et riche en rebondissements. Huis clos extrêmement tendu, qui repose presque uniquement sur l'interprétation des acteurs, la beauté de la réalisation et la force du scénario, le long métrage parvient brillamment à tenir en haleine. Tantôt perdu, souvent dubitatif, tout le temps époustouflé par l'esthétique et les effets de style, le spectateur nage dans un bonheur paradoxal. Qui croire ? En qui faire confiance ? A qui est-il souhaitable de se rallier ? La petite fille apparemment innocente ou l'adulte visiblement pervers ? Rien n'est simple et cette incertitude permet de ne jamais décrocher.

Trop en dire sur le traitement de la pédophilie gâcherait une bonne partie des mystères du film, révélés de manière surprenante. Hard Candy préfère lancer de violentes piques et créer des ambiances lourdes plutôt que de tomber dans une leçon. Grande qualité, l'oeuvre ne succombe jamais à la tentation facile du voyeurisme, pire ennemi dans ce cas précis. Les atrocités sexuelles sont ainsi suggérées et même la scène la plus choc, absolument insupportable (mais filmée avec grand art), évite le « trop démonstratif ». Pas de gore donc, ni de sexe explicite, mais une profondeur psychologique exceptionnelle. La confrontation entre les deux acteurs est superbe, constamment sur le fil de l'imprévisible. Du haut de ses 14 ans (19 en réalité), Helen Page démontre un beau talent pour incarner l'enfance, exprimer la tristesse et la confiance en soi. En face, Patrick Wilson reste impassible, à l'image de l'homme torturé et malade qu'il habite.

Tout le stress accumulé pendant plus d'une heure quarante se décharge dans une libération finale en demi-teinte. Beaucoup de questions restent en suspens, le film ne montrant qu'une solution extrême et radicale. La conclusion, sur le Elephant Woman de Blonde Redhead, invite à réfléchir en musique sur un thème malheureusement trop souvent laissé sous silence. Un mutisme à combattre absolument.