7/10Nothing

/ Critique - écrit par riffhifi, le 14/08/2007
Notre verdict : 7/10 - « He’s a real nowhere man living in his nowhere land… » (Fiche technique)

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« He's a real nowhere man living in his nowhere land... »

Vincenzo Natali est un réalisateur brillant mais peu médiatisé. Sorti de son premier long métrage Cube en 1998 (affublé depuis de suites grotesques), on n'a plus tellement entendu parler de lui. A tel point que ce Nothing, dont le titre a dû tromper les distributeurs, attendait depuis quatre ans d'être diffusé dans les salles françaises. Il n'est jamais trop tard pour bien faire, Zootrope propose donc de découvrir à partir du 29 août les aventures de Dave et Andrew au pays de rien du tout...

Dave (David Hewlett) et Andrew (Andrew Miller) sont deux épouvantables losers. Amis depuis l'enfance, ils habitent ensemble et tentent d'éviter les tracasseries du monde extérieur. Par un concours de circonstances, ils se retrouvent assiégés par la police et une entreprise de démolition, avant de subitement basculer au milieu de... rien. Que dalle, le vide, le néant. D'abord perplexes, les deux amis décident alors d'explorer ce rien, qui ressemble étrangement à du tofu.

Le concept, il faut bien l'avouer, fait sérieusement penser à Cube. Une situation mystérieuse, un lieu hors du temps et de l'espace, et aucune explication rationnelle à offrir. La ressemblance est accentuée par le fait que les deux acteurs en présence faisaient déjà partie des six prisonniers du cube ! Mais là où le premier film de Natali misait sur le suspense, l'angoisse et la métaphore existentielle, Nothing donne plutôt dans la comédie, se laissant aller à de fréquents délires burlesques qui ne sont pas sans évoquer les Monty Python.

Côté réalisation, c'est la fête du string : Vincenzo Natali ne recule devant aucune expérimentation filmique, faisant penser au mieux au Danny Boyle des débuts, et au pire à l'esthétique de certaines pubs (voir la séquence d'ouverture amusante mais un brin irritante). Soutenu par ses deux acteurs enthousiastes - dont l'un est également coscénariste, Natali compense l'abstraction des décors par l'énergie et l'inventivité des mouvements de caméra, de la même façon que Cube brillait par le soin de son découpage.
Mais le vrai plaisir, en fin de compte, vient de l'efficacité et de l'intransigeance du scénario. Allant jusqu'au bout du délire, Nothing montre les deux compères s'installer dans leur monde surréaliste avec un bonheur communicatif, malgré les heurts et les doutes inévitables. Bien sûr, 30 minutes auraient peut-être suffi à faire le tour de la question, mais qui se déplace pour un film de 30 minutes ?..

Partant d'un postulat très proche de l'étouffant Cube, Nothing laisse bizarrement un goût persistant de bonne humeur et de fantaisie, à savourer jusqu'au bout du générique de fin... Inutile d'en savoir plus, il vaut mieux aller voir ce film, afin de soutenir la carrière d'un réalisateur qui mérite de continuer à tourner - car il est difficile de tourner en rond avec plus de talent que lui.