5.5/10Taken

/ Critique - écrit par riffhifi, le 02/03/2008
Notre verdict : 5.5/10 - Tekken (Fiche technique)

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Action haletante à l'américaine et scénario ultra-light : les productions Europacorp continuent à servir de tremplin pour Hollywood aux artisans de blockbusters.

Luc Besson, depuis 10 ans, a pris l'habitude de produire des films d'action unidimensionnels dont il écrit lui-même le scénario sur un coin de nappe (généralement, le titre commence par T, comme "torché" : Taxi 1, 2, 3, 4, Le Transporteur 1, 2, 3, Taken...) avant de les confier à ses employés d'Europacorp, qui filment la chose avec professionnalisme. Parmi les dociles fourmis, on compte quelques jeunots comme Louis Leterrier, dont les deux Transporteurs ont servi de trait-d'union bien efficace entre le stage café et la réalisation de films américains comme L'incroyable Hulk (à venir) en passant par le demi-américain Danny the Dog. Pierre Morel semble suivre le même trajet : après Banlieue 13, il signe ici un film à cheval entre la France et les USA, avec une efficacité formelle qui ne compense pas la bêtise abyssale du scénario mais permet de passer un bon moment de détente.

« "Ils" ont enlevé la fille de Bryan, ancien agent des forces spéciales américaines. Monumentale erreur : BOUM ! » Si le pitch vous rappelle quelque chose, c'est normal : il s'agit d'un des formules les plus éculées du cinéma d'action, stigmatisée Tiens, prend ça !
Tiens, prend ça !
dès 1993 par John McTiernan dans Last Action Hero. Ne vous attendez pas à plus de développement : Liam Neeson a 96 heures pour retrouver sa fille : il saute dans l'avion pour Paris sans même se munir d'un slip de rechange, et il ne prendra pas le temps d'acheter des cartes postales une fois sur place. Si le film met un peu de temps à démarrer, on ne peut pas lui reprocher de manquer de rythme une fois parti sur sa lancée. Bénéficiant d'un acteur solide à défaut d'un scénario original, Pierre Morel déploie tout son savoir-faire dans une série de scènes ultra-efficaces, enchaînées avec un sens de la narration incontestable.

Le personnage de Liam Neeson, sorte de Jack Bauer à la retraite (en grande forme, quand même), fait preuve de la même pugnacité que son modèle, dépassant régulièrement les bornes sans que le film se permette de porter un jugement sur ses actions : par exemple, la torture est une activité qu'il a manifestement pratiqué à de nombreuses reprises, et il semble y prendre une fierté d'artiste. Mais le scénario Qui veut connaître l'avis de Bryan ?
Qui veut connaître l'avis de Bryan ?
se plaît à brosser l'Amérique dans le sens du poil, dans le but évident de favoriser l'exportation du film. On remarquera avec un sourire jaune que les personnages américains sont tous des super-héros ou (au pire) des victimes, alors que les Français, les Albanais et les Arabes sont tous (sans blague) des pourritures dégénérées, veules, hypocrites, lâches et sans scrupules. Qu'on se rassure, ils mangeront tous leur ration de tatanes dans le museau et les plus méchants d'entre eux avaleront même leur extrait de naissance sans demander leur reste. Le manichéisme totalement décomplexé du film et le scénario simple jusqu'à la bêtise (certaines scènes sont simplement inutiles, comme celle du traducteur) rappellent les productions des années 80, où l'action primait avant tout. Ce qui n'est pas forcément un problème, étant donné que Pierre Morel maîtrise la caméra avec un talent indéniable. Dommage qu'il doive passer par de tels produits formatés avant (on l'espère) de se confronter à de meilleurs scénarios.

Une poussée d'adrénaline d'une heure (le film démarre lentement, on a dit), suivie d'un épilogue d'une fadeur qui fait retomber le soufflé avant même le générique de fin : peut mieux faire.