4/10Wanted : Les Armes du destin - Test

/ Critique - écrit par Nicolas, le 23/06/2011
Notre verdict : 4/10 - Ce n'est pas ton destin (Fiche technique)

Tags : wanted armes destin jeux film video test

On y a cru, mais comme d'habitude, la route allant du cinéma vers le jeu vidéo est semée d'embûches diverses. En résulte un jeu un peu ennuyeux, très court, et techniquement à la ramasse.

Wanted est un film… comment dire… plutôt intéressant. Réalisé par le russe Timur Bekmambetov, le scénario met en scène une organisation de super-tueurs capable de donner de l’effet aux balles de pistolet. Dit comme ça, on est tenté d’abhorrer un sourire franchement rigolard et d’assassiner le film sans même l’avoir vu. Et pourtant, même si l’on est loin de pouvoir croire une seule image de ce film d’action mené à très haute vitesse, tout y est tellement exagéré et tellement assumé que l’on prend finalement plaisir à regarder James McAvoy trucider du vilain à tout va.
Un jeu sur le sujet, voilà de quoi nous enthousiasmer, et les premières informations furent encourageantes. Quand on voit le résultat final, on se dit finalement qu’il n’y a décidément rien, mais rien du tout à espérer de ce genre d’adaptations…

Je passe en mode « subjectif », pour vous apprendre que mon premier contact avec le jeu a été démesurément négatif. Ca peut vous paraître bête, mais je n’ai véritablement commencé à jouer que 90 minutes après la fin de l’installation, pour une raison bien simple : il n’est pas possible d’inverser l’axe Y de la souris. J’entends déjà les plus finauds me demander « mais pourquoi tu joues en souris inversée, c’est pas logique, gniah gniah gniah », Wanted : Les Armes du destin - Test
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et c’est pourquoi je passe en mode « aigri, mais patient » :
Souris inversée, ou pas souris inversée, tout est question de point de vue. Dans le second cas, nous gérons la cible du regard du personnage, il est donc logique que pousser la souris vers le haut pointe la caméra vers le haut. Par contre, en souris inversée, nous nous retrouvons dans un système proche des avions de chasse, et pour cause, la plupart des joueurs utilisant ce système ont beaucoup touché aux jeux de combat aérien. Ce n’est pas illogique, ou tout du moins ça l’est autant que piloter un avion de chasse. CQFD.
Retour du mode « subjectif ». J’essaye un long moment de configurer cette satanée souris, me rend donc compte qu’il n’y a pas d’inversion d’axe vertical et que le réglage de la sensitivité ne marche pas. Tant pis, j’essaye de jouer en souris normale, et je me rends vite à l’évidence que je n’y arriverais pas, ou alors très péniblement. Un moyen pour moi de gonfler la difficulté et donc la durée de vie ? Je prends mon courage à deux mains, je trifouille les fichiers de configuration pour voir si ça change quelque chose, je râle pendant dix minutes, et je cherche sur internet. Je trouve enfin une solution, sur un forum anglophone, et je vous la livre :
Prenez votre pad, branchez-le, et lancez le jeu. Pouf, l’option d’inversion d’axe devient visible dans la configuration ! Modifiez ce que vous voulez, redémarrez le jeu (vous pouvez enlever le pad, mais ce n’est pas obligé), et voilà notre bonne vieille souris inversée ! Très user-friendly, merci !

Replantons le contexte : Wesley Gibson a massacré la fraternité et perdu son père dans la bataille, voilà maintenant qu’il veut venger la mort de sa mère. C’est grosso modo ce que l’on comprend en suivant tant bien que mal les cinématiques du jeu, en version originale sous-titrée. Celles-ci se révèlent non seulement pas très jolies, mais il y a un évident problème de montage qui fait qu’à plusieurs reprises, on ne parvient pas à saisir le lien entre notre action précédente, la cinématique, et l’action suivante. Bon, ce n’est pas que Wanted le film était un modèle d’écriture, mais on aurait pu exiger un minimum de rigueur sur ce point pour un jeu qui est resté longtemps en développement. Ce n’est pas malheureusement qu’un défaut parmi tant d’autres.

Wanted : Les Armes du destin - Test
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Wanted
se présente comme un jeu à la troisième personne, dont le représentant le plus proche serait actuellement Splinter Cell Conviction. L’idée n’est pas d’agir à découvert, mais de se planquer derrière les murs et les autres caches potentielles pour éviter d’être touché par les balles ennemies, et ensuite vider les chargeurs au bon moment. Par une pression sur la barre espace, on se colle donc à la planque la plus proche, et une nouvelle pression associée à une direction permet de passer à la suivante. Dans les faits, ça ne fonctionne pas trop mal et on se fait rapidement à ce système.
Les choses se gâtent lorsque l’on va essayer de tirer. En cliquant sur le bouton droit, on lève la tête de la cachette pour mettre en joue, le bouton gauche servant à tirer. La problématique, c’est qu’on ne sait jamais vraiment où le canon de Wesley va se diriger. On lève donc la tête, le pointeur se retrouve à deux mètres au-dessus, vers la gauche de l’ennemi, et on essaye tant bien que mal de ramener la cible malgré les problèmes de sensibilité de souris, tout en essuyant le tir adverse. Wanted : Les Armes du destin - Test
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C’est souvent très frustrant, et on finit par essayer de trouver des repères abstraits selon notre position : genre essayer de placer le visuel ennemi vers l’épaule de Wesley avant de sortir la tête, sur un malentendu la cible sera peut-être bien positionnée, qui sait.
Il est également possible de planter un ennemi au couteau. Le jeu essaye de nous instruire la méthode « délicate », qui consiste à tirer d’abord à l’aveuglette pour mettre tout le monde à couvert, puis profiter d’un temps de stase bizarre pour se rapprocher ou contourner, et filer un bon vieux coup de couteau dans une animation violente et tout à fait délectable. Parfois, un gros crétin viendra se jeter sur vous avec son propre canif, et comme il est fort probable que vous n’arriviez pas à le dégommer avec votre souris pourrie il faudra alors effectuer un rapport de force en massacrant la touche E de votre clavier, sous peine de mourir la gorge tranchée.

Wanted cherche à se démarquer de la concurrence en introduisant certains des concepts issus du film. En ligne de front : la possibilité de donner un effet courbe aux balles de pistolet. J’explique :
Wanted : Les Armes du destin - Test
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D’abord, il faut tuer des gars « normalement ». On vous donne alors de l’adrénaline, ce qui va servir à faire plein de choses sympas, vous allez voir. Ensuite, on repère un ennemi qui campe derrière sa caisse, et on décide de lui faire sa petite fête. On appuie sur la touche correspondante, Wesley lève la tête, une ligne courbe apparaît que l’on peut orienter à la souris. Reste ensuite à la faire bouger suffisamment pour qu’elle devienne blanche, ce qui signifie que votre trajectoire est dénuée d’obstacle. Hop, Wesley fait un mouvement de bras et de poignet sympa, et la balle va se loger dans le corps de l’ennemi, parfois dans un effet de style ralenti graphiquement assez sympa. C’est sans tergiverser le point fun du jeu, et l’on passerait bien tout le niveau à faire de la balle courbe. L’adrénaline peut également servir à faire du pseudo – Max Payne. En passant d’une cachette à l’autre, on peut enclencher un bullet-time permettant d’ajuster son tir sans essuyer la riposte. Wanted : Les Armes du destin - Test
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Comme précédemment, la gestion de la souris est tellement calamiteuse que même au ralenti, on a du mal à viser convenablement.
Dans le même genre d’idée, quelques moments scénarisés ressemblent à du QTE. Une longue séquence scriptée va mettre votre personnage dans une situation périlleuse où il faudra réagir rapidement en interceptant les balles qui vont sont destinées et en abattant celui qui désirait vous les coller dans la tête. Si vous ne parvenez pas à effectuer ces deux actions dans le temps imparti, c’est game over. Ces séquences ne sont pas forcément des modèles de jouabilité, mais l’effet esthétique est très appréciable.

Ce qu’il y a de réellement problématique avec Wanted, c’est que son concept fonctionne, mais qu’il est tellement mal utilisé que l’on s’ennuie plus qu’autre chose. De A à Z, le jeu vous demandera de traverser des niveaux en ligne droite (il n’y a tout simplement pas possibilité d’emprunter un autre itinéraire que celui prévu, limite balisé avec des gyrophares) et de dégommer tout ce qui bouge, sans chercher à varier quoique soit. Ah, si, je suis mauvaise langue, on vous demandera parfois de massacrer du vilain avec des tourelles ou un fusil de sniper, mais comme pour le pistolet normal, la visée est tellement catastrophique et le challenge complètement amorphe que le résultat est un calvaire sans intérêt. Wanted : Les Armes du destin - Test
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Les concepteurs n’ont pas prévu une gestion de l’armement, il faudra attendre le dernier niveau pour pouvoir switcher entre deux armes. Le level design n’a rien d’exceptionnel non plus, mais l’on appréciera l’effort fourni sur le niveau de l’avion qui n’est quand même pas loin d’être euphorisant.
Et il a encore deux petites choses déplaisantes ! Pour en ajouter au côté technique catastrophique, le jeu peut planter à n’importe quel moment, parfois même en appuyant simplement sur la touche Echap. Quel est le problème ? C’est ma résolution, c’est Vista, mais qu’est-ce que c’est ? Le second problème est qu’il n’y a que neuf chapitres, et qu’à part le dernier ils peuvent se terminer très rapidement, ce qui ne laisse que quelques heures à Wanted pour s’exprimer, cinq ou six tout au plus. Au prix où était le jeu à sa sortie, c’est carrément du vol, mais il est possible désormais de le trouver neuf pour un prix oscillant entre 5 et 15 euros.

Les quelques bonnes idées de gameplay, notamment les balles courbes, se noient rapidement dans un océan de problèmes techniques diverses impactant la jouabilité, de quoi coller directement un carton rouge à Wanted. Et s’il n’y avait que ça ! Durée de vie minimaliste, diversité absente, scénario obscur, cela commençait à en faire trop. Heureusement, l’agonie ne sera pas bien longue, à peine cinq heures…