9/10Le Juge d'Egypte

/ Critique - écrit par Lestat, le 21/11/2003
Notre verdict : 9/10 - Un voyage dans l'Egypte ancienne (Fiche technique)

L'Egypte a toujours enflammé les auteurs. Par ses légendes, par son étrange mythologie, par ses immortelles constructions. Par sa science et ses connaissances, dont on découvre chaque jour l'étendue. Cette mystérieuse contrée, Christian Jacq lui a consacré son oeuvre, si ce n'est sa vie.
Egyptologue et déjà auteur de plusieurs essais, Jacq passe un beau jour de 1987 aux histoires romancées, qui se hissent alors rapidement au hit-parade des ventes. Fouillés et documentés, les livres de Christian Jacq sont autant d'excellentes fictions que de précieux documents. Citons ainsi Champollion l'Egyption, biographie plus ou moins fidèle de celui qui a su lire l'écriture des dieux ou encore l'Affaire Touthankamon. Et bien sur, parmi ses romans les plus populaires, la trilogie du juge d'Egypte qui nous intéresse aujourd'hui.

Avec La Pyramide Assassinée, La loi du désert et La justice du Vizir, parus entre 1993 et 1994, nous suivons les aventures de Pazair, alors petit juge de Thèbes muté dans la grande Memphis. Dans les dossiers vacants de son prédécesseur, il soulèvera une affaire de trop : un complot contre Pharaon...
Christian Jacq n'a pas son pareil pour dépayser son lecteur. Dans le sable égyptien se mêlent aventures, complots, guerre, amitié, amour... La trilogie du juge d'Egypte est avant tout un superbe récit policier, bien ficelé et aux énigmes inextricables, teinté de politique et de justice. Une histoire au suspense bien géré, avec son lot de violence, de temps forts et ce qu'il faut de temps morts. Mais tout cela ne serait rien sans l'incroyable univers que l'écrivain monte autour de son intrigue. Mêlant plusieurs styles au fil des personnages secondaires, Jacq nous fait revivre une guerre tribale, la décadence des maisons closes de Memphis, l'ambiance d'une cour de justice égyptienne ou d'un camp de travail... La trilogie du Juge d'Egypte fourmille de détails historiques sur la mythologie, les cultes, la médecine, la hiérarchie qui s'intègrent pleinement dans le récit pour mieux le servir. C'est une oeuvre à la lecture double que nous livre Christian Jacq, passionante dans son intrigue et pointilleuse dans sa reconstitution, tout en restant accessible aux profanes de l'égyptologie. Ajoutez à cela un style clair, au langage simple et pauvre en effets de manches. En outre, au sein même de sa trilogie, Christian Jacq a su se renouveler, changeant de tonalité entre les trois tomes. Comme toute bonne série qui se respecte, la Pyramide Assassinée est un agréable hors-d'oeuvre mettant en place le décor, les personnages dans une ambiance teintée de rose par la romance naissante entre Pazair et une femme médecin, mais parsemée de touches noires, essentiellement sur la fin. La Loi du Désert commence où s'achève le précédent, et nous offre un plat de resistance plus sombre, plus violent plus désespéré que le premier tome. La justice du Vizir est le livre du changement, des révélations, où le suspense et l'incertitude sont à leurs combles, où tout peut arriver... ou s'effondrer. Autant dire que ces trois livres n'ont pas volé leurs succès er se dévorent avec plaisir.

Une trilogie indispensable à tout amateur de romans historiques mâtinés de polar, à placer sans hésiter aux côtés du Nom de la Rose et du moine Cadfaël.