7/10Appartement

/ Critique - écrit par juro, le 08/01/2007
Notre verdict : 7/10 - La tour infernale (Fiche technique)

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Avez-vous aussi été le seul témoin d'un événement défiant la loi de la normalité ? Si oui, bienvenue au club de l'Appartement. Amateurs de suspense et d'événements paranormaux, l'oeuvre de Kang Full pourrait vous séduire par son côté atypique.

Avez-vous aussi été le seul témoin d'un événement défiant la loi de la normalité ? Si oui, bienvenue au club de l'Appartement, nouvelle parution de la collection présentant les oeuvres coréennes sous le label Hanguk. Amateurs de suspense et d'événements paranormaux, l'oeuvre de Kang Full pourrait vous séduire par son côté atypique et en dehors de toute convention scénaristique réelle. Outrepassant le graphisme simple, voire simpliste, de l'oeuvre, le scénario met en valeurs des thèmes sociaux intéressants sur les rapports de voisinage et plus généralement les relations sociales dans l'habitat collectif.

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(c) Casterman
21h56

« Je m'appelle Koh-hyuk. Célibataire de 29 ans, en recherche d'un emploi, je vis seul dans un appartement. Un soir, en regardant par la fenêtre, je m'aperçois que la lumière de plusieurs appartements de l'immeuble d'en face s'éteignent simultanément. Le jour suivant, j'assiste par hasard au même phénomène au même moment de la soirée : 21h 56. Depuis, j'ai commencé à observer ce phénomène répétitif et me rend compte rapidement que le nombre d'appartement touché s'accroît au fil des nuits, toujours à 21h 56 pile. Les habitants se comportent tout à fait normalement jusqu'à 21h 55 puis à 56, leur visage se fige et ils éteignent la lumière. Comme il y a eu plusieurs décès dans les appartements en question, j'ai essayé d'avertir la police de la gravité de la situation, mais on ne m'a pas pris au sérieux. »

Mais nous, si. Et la quête de la vérité de notre protagoniste l'amène à relativiser le monde dans lequel il vit et s'intéresser à d'autres individus qui n'étaient représentés que par des points lumineux jusqu'alors. Et progressivement, plusieurs personnages de milieux et de conditions différentes se joindront à l'aventure, apportant chacun leur pierre à l'édifice pour découvrir ce qui se trame derrière les multiples phénomènes de la tour. Ceux-ci sont interprétés différemment par chaque personnage et chaque point de vue amène son lot de suspense plutôt que d'horreur auquel s'ajoute une dose d'humour fin. Le mélange prend bien et la lecture aisée permet de souligner une narration épurée de tout artifice, se concentrant sur l'intrigue et son personnage clé de femme vêtue de blanc. Tous les éléments du thriller mis en place pièce par pièce avec précision par Kang Full. Mais il y a plus...

(c) Casterman
(c) Casterman
Jeune homme cherche appartement bien situé...

Au-delà de l'histoire, l'intérêt réside aussi dans le fait que l'individualisme et l'absence de relations sociales qui semblent caractériser les personnages sont dévoilés au grand jour. Les personnages décrits par le manhwaga présentent une facette cruellement d'actualité faite de renfermement sur soi, de solitude, d'ennui, et pour généraliser d'une vie en communauté morne et sans relief que les événements rapprocheront. Car c'est bien connu, c'est dans l'adversité que se créent les liens. Et c'est d'autant plus vrai dans Appartement, reflet de son époque. Et à l'instar du protagoniste, les yeux s'ouvrent avec ébahissement devant cette accumulation de célibataires, être mal dans leur peau, personnes âgées seules... Comme quoi, l'apparition des morts a du bon...

Par contre, la critique se gâte en pensant au dessin de l'auteur. Ses illustrations colorisées saugrenues du point de vue du scénario laissent dubitatif sur son talent une plume à la main. Appartement est composé de vignettes (deux à quatre par page) mettant en scène des personnages communs et naïfs, quelconques, avec un trait mal assuré mais suffisant pour caractériser les émotions voulues sur des fonds unicolores. Mais c'est certain que le manhwa ne sautera pas aux yeux par sa qualité graphique, surtout que le remplissage s'avère plus que basique... L'édition de Hanguk dans un format moyen est toute aussi bonne que ses grands formats.

Appartement ne donne pas le frisson mais demeure une lecture tout à fait intéressante car permettant de se doter d'un thriller d'une espèce rare dans le domaine papier de l'édition asiatique. Et si l'ensemble n'est pas pleinement convaincant, il demeure convenable pour passer un bon moment accroché au bouquin.