9/10Gunslinger Girl - la série

/ Critique - écrit par Jade, le 24/11/2004
Notre verdict : 9/10 - wonder women (Fiche technique)

Tags : gunslinger girl manga aida tome episode vol

Dans un futur très proche, en Italie, le ministère de l'intérieur autorise la mise en place d'une section anti-terroriste faisant usage des biotechnologies les plus avancées. Il s'agit plus exactement de se servir comme machines de guerres de gamines dont la mort aurait été inévitable si on ne leur avait greffé des organes et des muscles artificiels leur conférant une force surhumaine. Elles subissent un lavage de cerveau et sont ensuite ‘adoptées' par un membre de l'organisation, qu'elles sont conditionnées à protéger au péril de leur vie.

Henrietta, Triela, Elsa, Angela passent donc le plus clair de leur temps à tirer sur des cibles et à suivre les entraînements militaires les plus durs, pendant que d'autres filles de leur age jouent à la poupée ou à la marchande. Elles ne sont pas pour autant des marionnettes dénuées de sentiments, mais n'ont aucun lien avec le monde extérieur, du fait qu'elles sont considérées comme des armes top secrètes, et n'ont aucune satisfaction autre que de se voir féliciter par leurs tuteurs pour un assassinat ou une mission réussie.

Les deux premiers épisodes de Gunslinger Girl sont tout simplement impressionnants. Déjà, nous avons affaire à un sujet original, plutôt déstabilisant, mais très intéressant à traiter, qui tiendra largement ses promesses au fil des 13 épisodes constituant la série.
De plus, repoussant de très loin les standards actuels d'animation télé, Gunslinger Girl est d'une beauté remarquable. Il n'y a qu'à visionner les premières scènes d'action pour s'en convaincre : les mouvements s'enchaînent avec une fluidité incomparable, ce qui est d'autant plus remarquable que les personnages sont extrêmement détaillés, et les étapes d'animation très nombreuses. Les premières scènes d'action sont extrêmement dynamiques et laissent le spectateur complètement retourné.

Gunslinger Girl n'est pas réellement révolutionnaire par son design (il reste assez dans le classique à ce niveau). Mais là où les studios Madhouse innovent largement, c'est par la palette de couleurs et les teintes employées. Le dessin a une texture proche du pastel, conférant aux décors un certain flou artistique du meilleur goût, et à la série une ambiance onirique assez fascinante. Ce procédé avait déjà été employé pour le très beau Last Exile ; il atteint ici des sommets. Il n'y a qu'à visionner les génériques de début et de fin pour s'en convaincre. Ces derniers nous invitent notamment à assimiler les ‘gunslinger girls' à des anges, dont l'innocence contredit la fonction principale, c'est-à-dire tuer.

Si la deuxième partie connaît un ralentissement assez peu profitable au rythme de la série, les derniers épisodes relèvent très nettement le niveau. Peu à peu, l'on se concentre sur les personnages, ce qui permet de mettre en évidence l'immense potentiel dramatique de Gunslinger Girl. Le lien qui unit les jeunes filles tueuses à leurs responsables est ici mis en relief de manière très poignante. En effet, bien qu'étant des tueurs sans pitié, ces dernières ont avant tout une moyenne d'age de douze ans, et ne sont clairement pas élevées dans un environnement propice à leur bon développement mental. Elles ont envers leurs tuteurs une admiration sans borne, d'une force qu'elles ne peuvent assumer du fait de leur très jeune age. Il s'agit alors pour leurs responsables de gérer cette relation avec tact : savoir contenter le besoin d'amour nécessaire à un enfant pour son épanouissement tout en ne les ‘humanisant' pas au point qu'elles en oublient le but même de leur existence : tuer. On pressent bien sûr un dilemme naissant, dilemme dont l'issue sera des plus tragique.

Vous l'aurez compris, Gunslinger Girl est une oeuvre absolument magistrale, proche de la perfection malgré quelques maladresses de second ordre (depuis quand boit-on du vin avec des glaçons ??), qui ne sont que fort peu préjudiciables à la série. Rarement une série, animée ou non, n'aura su tirer autant de profit de son scénario de base et s'en servir pour créer une ambiance d'une force lyrique incomparable.