8.5/10Heat

/ Critique - écrit par juro, le 21/09/2005
Notre verdict : 8.5/10 - Fuerza yakuza (Fiche technique)

Tags : heat chaleur film michael mann mccauley anglais

Sanctuary et Strain terminés avec brio, la fabuleuse paire Ikegami/Buronson ne pouvait que remettre le couvert et proposer un nouveau manga de yakuza au moins aussi bon que le précédent. Heat n'est pas la suite de Sanctuary mais elle pourrait prendre place dans le même univers bourré de machisme, de règlements de compte et de manoeuvres subtiles profondément ancrée dans le contexte d'un pays en crise vu de l'autre côté de la barrière de la Loi. Avec le même style graphique, les mêmes idées, le duo magique parvient à créer une nouvelle histoire fabuleusement prenante mais radicalement différente. L'intérêt redouble du fait que le contexte se recadre dans une période encore plus proche que celle de l'oeuvre précédente.

(H)eat, mangez-en !

Heat
Heat
Tatsumi Karasawa n'est pas le dernier des imbéciles. Chef d'un petit clan de yakuzas indépendant de toute organisation, il sait parfaitement s'y prendre pour attirer l'attention des gros pontes de la pègre nippone comme l'organisation Sannô qui se mord les doigts de ne pouvoir se débarrasser de cet épineux problème. Karasawa est parti de rien pour grimper les échelons du crime à grande vitesse par tous les moyens possibles et imaginables, à commencer par s'emparer d'un club de « taxi boys » (gigolos). Le début de l'inexorable marche vers les sommets du grand banditisme envers et contre tous ces rivaux est parsemé d'embûches incroyables, avec en toile de fond un duel contre un autre arriviste aux dents longues, Murasame. Mais les « gigolos » comptent bien prouver que rien ne pourra résister à leur volonté de régner en maître sur le Japon au sortir de la crise économique...

Bourré de retournements de situation qui hésitent toujours ente violence, guet-apens et arrangements, Heat reprend les mêmes arguments principaux que Sanctuary pour imposer une intensité permanente. Le scénario s'oriente tout de même beaucoup plus vers le seul tableau mafieux oubliant le petit charme supplémentaire de l'oeuvre précédente avec les tractations politiques. Par conséquent, l'action est de rigueur et semble prendre une pace déterminante. Cependant, comprendre action avec un scénario de Buronson ne signifie pas coups de feu, poursuites et explosions à gogo mais plutôt phrases chocs, phases de combat courtes et inattendues ou vendetta et pièges diaboliquement orchestrés. Toujours aussi bon dans la manipulation du lecteur, le scénariste passé maître dans l'art de présenter des histoires mafieuses pond de nouveau un excellent début de manga qui ne laisse aucun doute sur la qualité de la suite. Par contre, les idéaux de Karasawa montre un individualisme largement moins persuasif que ceux du couple de Sanctuary.

I'm just a gigolo (air connu)

Karasawa est le mélange des personnages de deux personnages de Sanctuary : Hôjo et Tokai, à la fois tête pensante et capable de débordements violents, il concentre l'essentiel du charisme de l'histoire. Toutes les jaquettes s'attachent d'ailleurs à l'illustrer dans une posture mettant en valeur son charisme. Son attitude machiste et ses phases violentes ne doivent pas pour autant laisser passer ses facettes humaines cachées derrière un masque souriant. Les seconds rôles se rappellent à notre bon souvenir grâce à des têtes connues, suivant le même chara design. Les femmes sont toujours autant traitées comme des poupées et le scénario ne leur laisse pas beaucoup la place de s'exprimer, excepté une ou deux d'entre elles. Profondément ancré côté masculin, Heat n'en demeure pas moins une histoire exceptionnelle aux instants délicieux par sa mise en forme radicalement cinématographique.

Ikegami poursuit son aventure graphique au côté de Buronson en gardant son incroyable trait proportionné au millimètre et accentuant le côté des expressions de personnages hauts en couleurs. Le rendu graphique est d'une excellente qualité, remplis de détails et axée autour d'un découpage travaillé. Les pages consacrées à mettre en scène le seul personnage principal sont tout bonnement du grand art qui confirme que le mangaka n'a rien perdu de sa maestria.

Heat est un excellent moment à passer dans la même veine que son illustre prédécesseur même si l'impression de perdre un peu de la subtilité qui caractérisait Sanctuary se fait rapidement sentir. Derrière ce manga demeure une excellente intrigue dont les ingrédients se renouvellent suffisamment bien pour donner un certain goût à admirer une troupe d'hommes prêt à tout pour atteindre leur but.