3/10Histoires d'Oeil

/ Critique - écrit par juro, le 11/05/2006
Notre verdict : 3/10 - Aveuglant (Fiche technique)

Tags : oeil histoire bataille livre histoires livres georges

Dans la catégorie kowaï qui ne fait pas peur, je voudrais Histoires d'Oeil, manga adapté par Miyako Cojima d'après des nouvelles de Yukito Ayatsuki. La couverture aux allures gothique et morbide annonce la couleur pour un manga qui sera en dessous de toute attente scénaristique tellement le niveau des histoires se révèle faiblard. Aucun doute, il manquait un kowaï à la collection de Tonkam, le voici, le voilà mais il ne s'empressera pas de relever la moyenne parmi ceux déjà parus...

Dent pour dent, oeil pour oeil

Par trois nouvelles de qualité inégales, Histoires d'Oeil compte refiler des frissons par un côté morbide et malsain affirmé et déployé à grands coups d'énucléations et de pratiques peu ragoûtantes. La première nouvelle, Résurrection, conte le récit du professeur Ujo tombant amoureux de Yui, il est loin de se douter que cette jeune fille est “spéciale”. Pourtant, la réalité s'impose peu à peu, Yui est immortelle et possède un étrange pouvoir de régénération.

Les japonais ont parfois des passions extrêmes et c'est sûrement le principe de la seconde nouvelle, Une cuisine particulière, développant une histoire sur le thème de mets « peu communs ». Le restaurant Yui représente le summum du chic. Sa carte ne propose que de la cuisine expérimentale que seuls les gourmets les plus avertis sont capables d'apprécier. Ses plats de vermines et autres insectes nuisibles ne sont qu'une mise en bouche avant de vous préparer au plat de résistance : des morceaux de votre propre corps !

Enfin, le manga se rappelle au bon souvenir de The Ring avec une ébauche de scénario qui aurait pu paraître intéressante dans la nouvelle éponyme au titre principal. Dans une petite ville tranquille, d'odieux crimes sont perpétrés. Le criminel, passablement obsédé par les yeux, conserve ceux de ses victimes... Mais peut-être la raison remonte-t-elle à quelques années en arrière !

Les trois nouvelles sont véritablement horrifiques... par leur côté profondément stéréotypées. En reprenant des personnages principaux présentant les mêmes morphotypes et un nom féminin récurrent, Yui, qui correspond aussi au sous-titre du manga. Cependant, les histoires ne présentent aucun rapport entre elles, excepté le fait de surenchérir dans le fait d'essayer de dégoûter le lecteur. S'il est bien vrai que la seconde donne mal au ventre avec son esprit cannibale, les deux autres sont totalement banales et sans profondeur.

Comment se fourrer le doigt dans l'oeil ?

Le manga a été vendu comme « gothique » mais ne vous y trompez pas, il n'en est rien. Histoires d'Oeil propose juste quelques intrigues banalisant les classiques du genre de l'horreur sans considération aucune pour un lecteur averti, tombant dans les clichés du genre, avec des sous-Sadako et autres personnages du genre. L'ensemble est indigeste, les personnages déshumanisés à l'extrême, sans aucune conscience ou bon sens particulier. S'il faut reconnaître que le personnage récurrent de Yui entretient brièvement le mystère au début de chaque intrigue, la suite fond comme de la neige au mois de juin. Simplement à prendre comme une lecture passive, Histoires d'Oeil montre quelque intérêt qui sera vite dissipé...

Le trait est fin avec des hachures pour donner somme toute du style mais encore une fois le manque de profondeur et de conviction du mangaka ne laisse apparaître que de faibles espoirs d'amélioration au fil des pages. Le manque de remplissage ne renforce pas l'impression d'horreur donné souvent sur un fond noir unique, seul le découpage lors des rares d'action met un peu d' « ambiance ». Les personnages possèdent les mêmes têtes, les mêmes démarches et finalement à défaut de faire peur, Histoires d'oeil met juste en valeur un personnage. Celui de l'héroïne mortifère, Yui.

Par contre, Histoires d'Oeil peut être salué pour la qualité de son édition même si le papier n'est pas assez épais pour laisser échapper quelques défauts en voyant à travers les pages. Au final, le manga est à réserver aux aficionados du genre. Et encore...