6.5/10Intermezzo

/ Critique - écrit par Kei, le 06/06/2006
Notre verdict : 6.5/10 - Intermède ludique (Fiche technique)

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Intermezzo aurait pu s'appeller Les tribulations d'un libraire en Absurdie (l'absurdie étant un monde asburde). Le héros, un petit libraire impassible faisant parfois penser à Droopy (surtout à cause de son regard éteint) déambule dans des univers parallèles où rien ne semble obéir aux lois de la logique (ni à celles de la physique d'ailleurs). Tout au long de la petite centaine de pages de ce premier tome, l'auteur nous fait découvrir à travers des strips muets en 9 cases le quotidien totalement absurde de ce petit libraire.

Intermezzo
Intermezzo
Lorsque l'on dit totalement absurde, le mot est faible. Les éditions IMHO comparent ce volume aux Monty Pythons, mais la liberté dont jouit le dessinateur permet des choses qui vont bien au dela des délires de la troupe anglaise. Le seul souci, c'est que ces délires vont parfois un peu trop loin, bien en dehors du champ de compréhension d'un humain normal. Et la plupart des strips ne sont pas évidents à comprendre, loin de là. Il m'a fallu deux lectures attentives pour comprendre la plupart des strips. La lecture d'Intermezzo n'est pas vraiment une lecture aisée. Mais même avec l'effort qu'ils demandent pour être compris, ces strips restent drôles. Malheureusement, ils sont assez inégaux. Alors que certains déclenchent de grands éclats de rire chez le lecteur, la majorité ne fait que sourire, et certains ne provoquent qu'un très fort sentiment de doute.
L'auteur semble s'amuser de ce fait, et explique que s'il veut bien expliquer une histoire quand on le lui demande, "ça ne veut pas dire que [sa] réponse soit absolue, les lecteurs sont libres d'y percevoir ce qu'ils veulent". Hélas, on ne perçoit parfois rien.
Le thème varie énormément entre les strips, et on passe d'un registre plutôt vulgaire à des strips totalement poétiques, mais toujours portés par une bonne couche d'absurde.

Le format en 9 cases est plutôt étonnant de la part d'une bande dessinée japonaise. Nous avons été habitués au format 3 ou 4 cases verticales ou horizontale, mais pas à une disposition en carré. J'ai déjà évoqué l'attention que nécessite la lecture de ce premier tome d'Intermezzo. Sachez que si vous ne faites pas attention, vous vous retrouvez bien vite en train de tourner les pages dans le sens japonais, mais de les lire dans le sens français. Le problème vient du fait que les cases se ressemblent beaucoup, et qu'il y a souvent un grand laps de temps entre une case et la suivante. Ce procédé est un des procédés humoristiques de ce livre, mais il entraine parfois une certaine confusion.

Intermezzo est en fait un livre qui se bonifie au fil des lectures. Alors que la première lecture m'avait laissé dubitatif sur le "capital humoristique" de ce premier tome, les suivantes m'ont fait de plus en plus rire, et je me surprends à le feuilleter de plus en plus régulièrement, le temps de rigoler, puis de le reposer.
Malheureusement, il reste un livre difficile d'accès, mais les amateurs de bande dessinée "indé" ou "alternative" y trouveront plus que leur compte.