8/10Mary Godwin

/ Critique - écrit par Kei, le 02/06/2007
Notre verdict : 8/10 - Point Godwin non atteint (Fiche technique)

Tags : shelley mary frankenstein percy godwin vie roman

Une excellente surprise. Bien scénarisé, bien construit et bien dessiné, ce manhwa a tout pour plaire.

Si le nom de Mary Godwin ne vous dit rien, ça n'a rien d'étonnant. Cette femme est beaucoup plus connue sous son nom marital, Mary Shelley. Elle est encore plus connue en tant qu'écrivain d'un des romans d'horreur les plus connus, adapté maintes fois en films, et dont le nom est connu de tous :
Frankenstein. On savait les auteurs de manga / manhua / manhwa friands de romans d'aventures européens classiques. On les savait beaucoup moins intéressés par les auteurs des-dits romans. Un choix peu commun de Park Soul Ah et Yoo Jin Su, qui se révèle être une très bonne idée.

Mary Godwin a mis beaucoup de temps avant de devenir Mary Shelley. Son futur mari, Percy B. Shelley est une jeune poète qui a abandonné femme et enfants pour retrouver Mary. Mais en mari comme en concubin, il reste avant tout un homme volage, trompant ses compagnes et ne tenant pas en place. Il est en tout cas très amis avec Lord Byron, un Casanova anglais. Qui se ressemble s'assemble. C'est au cours d'une soirée que Lord Byron propose à tous les convives présents d'écrire pour leur prochaine réunion une histoire d'épouvante. C'est en entendant parler par hasard d'une expérience scientifique que Mary aura l'idée du Docteur Frankenstein et de sa créature. Au même moment arrive au domicile de Percy un jeune domestique masqué réservé et ténébreux, Jean. Et bien qu'il inspire beaucoup de répulsion à Mary, il va rapidement devenir le moteur de l'écriture du roman, Mary se contentant de coucher sur le papier les idées qu'il lui souffle de manière plus ou moins anodine.

Le flou qui entoure la vie de Mary Shelley et le romantisme aristocratiques de ses compagnons de l'époque laissent le champ libre à l'imagination débridée des deux auteurs. Sur un fond réaliste viennent se greffer tout un univers mystérieux, presque glauque. En n'utilisant que des sous entendus, que des ragots, jamais aucun fait, le scénario créé une ambiance pesante. Le jeune serviteur masqué pourrait éventuellement venir d'une maison dont tout le membres sont morts, d'autant plus qu'un des cadavres n'a jamais été retrouvé. Mais rien ne vient étayer cette hypothèse. La seule chose qui est sûre, c'est que ce jeune homme est un manipulateur de tout premier plan, qui a tôt de s'attirer la sympathie des puissants et l'antipathie de tous les autres.

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Mary Godwin (c) Gochawon
On assiste en parallèle à la révélation du véritable caractère de Jean et à la création du monstre de Frankenstein. Tandis que l'un apprend les ficelle du métier, l'autre naît. Tandis que l'un manigance, l'autre apprend à lire, parler et compter. Tandis que l'un se révèle machiavélique, l'autre se révèle auprès des hommes. Une double progression évidemment liée par le fait que le véritable auteur de l'histoire est Jean. Cette évolution de l'histoire n'est que le plus criant des exemples qui illustrent la construction de ce manhwa. On sent que d'un bout à l'autre les deux auteurs tiennent fermement les rennes de leur histoire, ne distillant les informations qu'au compte goutte, en prenant leur temps. Cette suite d'événements non précipité confère au récit un semblant de vérité bienvenue, qui permet de contrebalancer les petites choses qui ici et là semblent trop fantastiques. Qu'il y ai un tueur psychopate dans les parages, on s'y presque habitué, il y en a un dans la moitié des manga / bandes dessinées / romans / films / jeux vidéos... Mais qu'un écrivain se retrouve plongé en transe lorsqu'il écrit et qu'il se réveille en sueur à la fin de sa séance d'écriture, c'est déjà moins commun. Mais cela participe à l'ambiance. Tout comme les dessins. Ceux ci emploient la même méthode que les mangas de Kei Toume. Le trait est gras, plein d'irrégularité. Il confère au manga une touche de chaleur de d'authenticité. Ce style alterne avec un autre, plus épuré, plus proche des codes du shôjo.

Ce premier tome très réussi créé la surprise, comme l'avait fait La Lune et le Soleil auparavant (et chez le même éditeur). Si le volume suivant est de qualité, il y a des chances pour que cette série devienne une très bonne série. Ce volume n'étant finalement qu'une introduction, la suite s'annonce sous les meilleures augures.