4/10Matous et Pingouins

/ Critique - écrit par juro, le 27/09/2007
Notre verdict : 4/10 - Chat manchot (Fiche technique)

Tags : pingouins matous yang song eur jeux pan

Retour de flamme pour l'auteur de Wild Animals pour un résultat à peu près similaire...

La séduction constitue un sport universel et même les chinois s’y sont mis ardemment. Preuve en est avec Matous et Pingouins, titre étrange fait de deux expressions sinisées prenant tout son sens à travers le dilemme d’un jeune universitaire feignant et aux motivations douteuses. Jia parviendra-t-il à choisir entre la douce Meng et la sauvage Minette ? Rien n’est moins sûr pour un chat de gouttière amusant seulement un temps.

Animalerie

Matous et Pingouins
Matous et Pingouins
Les “matous”, ce sont les jeunes (et beaux) mecs. Les “pingouins” qualifient les jolies filles (par opposition aux “dinosaures” !). Dans sa bande de copains étudiants et musiciens, Jia est celui qui doute le plus de lui. Sa rencontre avec Meng, une fille branchée sur le monde de la musique, puis avec Minette, lui permettra-t-elle de réaliser son rêve et celui de ses potes ? Mais l’amour risque, une fois de plus, de rivaliser avec l’amitié...

Formanter le plan parfait pour s’approcher d’une fille de rêve semble être le but de la vie de Jia. Alors lorsque deux canons se proposent de devenir ses amis, le jeune homme s’en retrouve tout déboussolé car son cœur tangue pour les deux. Et si ces demoiselles vont entrevoir progressivement en lui un homme au lieu d’un ami, ce triangle amoureux explore aussi les sentiers de l’amitié. Les relations en deviennent ambiguës mais le manhuaji ne parvient pas faire tenir son histoire durablement pour intéresser. Il s’enterre pendant de longues phases sur les pensées sans intérêt de son personnage masculin à se poser des questions (peu) existentielles. Et ça dure. Longtemps. Car si le début est amusant, ensuite vient le gros creux. Et plus de trois cents pages avec un gros creux, bin, c’est long ! Du coup, il introduit comme maigre source de renouvellement la musique sans parvenir à enchaîner sur le sujet. Le lecteur ne sait plus très bien où il se trouve et vogue au gré du parcours scolaire et émotionnel de Jia sans savoir vers quelle fin il se dirige tellement le dénouement est précaire.

Chasse au pingouin

Matous et Pingouins s’enlise scénaristiquement en tournant en rond durant un bon moment. Ce ne sont pas non plus ces personnages assez caricaturaux de la jeunesse qui surprennent. Mais le manhuaji parvient à insuffler une bonne dose d’humour à son œuvre. Jia devient le souffre-douleur préféré de son créateur qui le met dans toutes les positions possibles pour le confiner dans le rôle du gentil loser qui se révèlera être un ami efficace… Et peut-être plus. Pas de quoi crier au génie mais le manhua bénéficie d’un traitement graphique autrement performant car l’auteur de Wild Animals sait manier sa palette graphique avec précision.

Ses personnages portent les stigmates de la nouvelle jeunesse chinoise fortement influencé par la mode occidentale. Comme ce peut être le cas dans les œuvres de quelques-uns de ses compatriotes (Benjamin, Xiaoyu Zhang...), l’auteur se délecte de proposer des planches très aérées dans lesquelles ses créations évoluent joyeusement avec grâce. Mais un peu comme dans Wild Animals, cela reste cyclique. En revanche, le découpage est empreint de cette notion d’aération mais le remplissage possède des atouts à faire valoir.

Le manhua ne peut intéresser que des amateurs de découverte chinoise ou d’éternels chercheurs de nouvelles histoires d’amitié et amour non avoué et traînant en longueur. Pour cela, Matous et Pingouins sait y faire. On attend toujours de l’auteur qu’il aille un peu plus loin dans ses portraits de la jeunesse qu’il ne fait qu’esquisser sans l’approfondir, comme une sensation mélancolique d'inachevé...