7/10Le Roi Léo

/ Critique - écrit par juro, le 26/04/2005
Notre verdict : 7/10 - Simbathique (Fiche technique)

Jamais repompe aussi flagrante d'une oeuvre n'aura eu autant de succès que Le Roi Lion des studios Disney car oui, repompe il y a eu. Oublier « Hakuna Matata » un instant pour apprendre que l'oeuvre originale n'est autre que l'oeuvre d'Osamu Tezuka intitulée Le Roi Léo (Jungle Taitei). La mouture américaine s'est inspirée, voire plagier, le manga du maître sans presque s'en cacher, simplifiant un récit riche pour servir, il faut le reconnaître, un très bon film. Tezuka ne verra jamais le résultat mais ses héritiers auraient assurés que le mangaka aurait été honoré de voir un de ses travaux adaptés par Disney. Cependant, aujourd'hui avec la sortie sur les écrans de Léo, roi de la jungle, la comparaison est inévitable mais revenons sur l'oeuvre originel mettant en scène un autre lionceau star.

« C'est l'histoire de la vieeeeee »... ou un truc à peu près similaire

Le Roi Léo
Le Roi Léo
L'Afrique. La jungle. La chaleur, les hommes, les animaux... les animaux. Pandja est le roi de la jungle, un lion blanc qui s'est juré de protéger ses congénères à deux ou quatre pattes des tribus indigènes avec lesquels ils partagent leur territoire. Si le ridicule ne tue pas, les nombreux tours joués par Pandja ont le don d'énerver considérablement les hommes qui font appel à un chasseur blanc pour éliminer le lion. La sentence tombe, le roi aussi après un terrible combat... La femme de Pandja, enceinte, est emmenée en Europe où elle met au monde le petit Léo, portrait craché de son père au format réduit. Elevé comme un animal domestique durant plusieurs années dans une famille d'adoption, le lionceau saute sur l'occasion de découvrir l'Afrique avec Kenichi, Marie et Moustache. Ce retour aux sources va s'avérer douloureux mais le fils du sauveur aura-t-il les épaules assez larges pour prouver sa valeur aux animaux qui n'ont pas oublié son père ?

Le scénario ne s'attache pas seulement à décrire le monde du point des animaux car les héros récurrents de Tezuka prennent leurs places habituelles dans l'intrigue. L'épaississement du scénario propose des rebondissements à gogo, la non linéarité de l'intrigue propose de suivre différents points de vue. On peut reprocher au Roi Léo ses transitions un peu rapides et des passages inutiles à la progression des aventures du lion mais le suspense reste entier sur les trois volumes et le dénouement en surprendra plus d'un. L'humour assez convenu donne dans le comique de situations où animaux de tout bord surprennent humains en parlant ou en se mettant en position pédestre.

Deep down in the jungle

Le contexte géographique faisant intervenir les humains situe l'intrigue en Afrique de l'Est sur les bords du Nil au beau de la colonisation. Sans prendre parti, Tezuka arrive à donner une autre signification à son histoire, celle des hommes prend d'ailleurs une importance considérable au fur et à mesure des trois volumes au point de prendre le pas sur l'intrigue de départ. Les valeurs traditionnelles du shônen se retrouvent dans le manga, seule particularité la personnification humaine des animaux rend les personnages principaux très attachants et présente la diversification des traits de caractère humains par l'intermédiaire des bêtes. Pourtant peu habitué à prendre des animaux comme personnages, à l'exception d'Unico, Tezuka compare les rapports de force existants dans la jungle et dans celui des hommes pour les rapprocher et montrer que l'Homme n'est pas si éloigné de la bête : mauvais et bons existent dans les deux camps.

Avec Astro Boy, Princesse Saphir et Black Jack, Le Roi Léo représente certainement l'oeuvre la plus connue de Tezuka mais dans son traitement, on retrouve une similitude avec Bouddha en passant par tous les stades des émotions : tristesse, humour, haine, joie... mais aussi au niveau du dessin. Simple mais détaillé au juste niveau, le trait du maître rend justice au scénario et se caractérise par le coup de crayon arrondi réservé aux shônen. La galerie de bêtes sauvages créée par le mangaka représente le grand ensemble africain : girafe, singe, hippopotame, éléphant... Léo tient plus du chat que du lionceau lors de sa jeunesse mais la vérité des proportions prend parfois de grosses largesses avec la justesse. Certaines cases du Roi Léo sont directement retrouvables dans les plans du Roi Lion, une duplication parfaite.

Blâmons Glénat (bouh !) pour son édition française et certaines cases inversées mais pour le reste, c'est un rugissement de plaisir de retrouver Léo au milieu d'une jungle détaillée avec justesse. Plus élaboré que Le Roi Lion, le scénario reste dans la lignée de la pensée d'Osamu Tezuka et ses oeuvres les plus connues. Un manga grand public qui plaira aux petits comme aux grands.