9/10La Traversée du Temps

/ Critique - écrit par juro, le 12/07/2007
Notre verdict : 9/10 - Tempus fugit (Fiche technique)

Un film d'animation à voir de toute urgence tellement il surprend. Ne vous laissez pas avoir par l'accroche, La Traversée du Temps se révèle unique en son genre.

Ce n’est pas forcément mémorable mais Mamoru Hosoda est le réalisateur du film de Digimon. Ne fuyez pas. La suite est bien meilleure car avec La Traversée du Temps, il se rachète une conduite au combien réussie ! Lorsqu’une banale histoire de remontée dans le temps devient une tragédie admirable en tout point, c’est avec bonheur qu’on aime regarder sous toutes les coutures ce film maintes fois récompensé dans les festivals…

Time waits for no one

Makoto est une jeune lycéenne comme les autres, un peu garçon manqué, pas trop intéressé par l'école et absolument pas concernée par le temps qui passe ! Jusqu'au jour où elle reçoit un don particulier : celui de pouvoir traverser le temps. Améliorer ses notes, aider des idylles naissantes, manger à répétition ses plats préférés, tout devient alors possible pour Makoto. Mais influer sur le cours des choses est un don parfois bien dangereux, surtout lorsqu'il faut apprendre à vivre sans !

Mamoru Hosoda peut remercier son scénariste, Satoko Okudera. Si l’intrigue peut sembler simple avec cette histoire de voyage paradoxal temporel, de multiples mystères viennent s’y coller, pas du tout dans le côté fantastique quasiment occulté mais bel et bien dans un tissu de relations humaines complexes. L’enchevêtrement de situations passe du comique bon enfant avec ses gags faciles, sa bonne humeur et son rire facile. C’est la belle vie. Et l’héroïne en profite pour s’amuser et prendre ses rêves pour ses réalités avec réussite ! Cependant, comme dans Full Metal Alchemist, le principe de l’équivalence jouera dans le scénario et la suite sera beaucoup plus terne avec des prises de tête sentimentales criantes de vérité à tel point que le spectateur est plongé au plus près des pensées de Makoto. Ses dilemmes, ses histoires d’amour probables avec Chiaki et Kosuké, sorte de pseudo trio amoureux à la Adachi réuni autour du sport (Touch, Cross Game…) au premier coup d’oeil. Le twist final de la dernière demi-heure coupe l’herbe sous le pied à quiconque voudrait tenter d’en deviner l’aboutissement au départ. Le film présente tellement de facettes différentes que sa définition première sous le terme « shojô » se révèle bien obsolète à la fin.80764_10d9be0beb7a5e86b269cd1d90d5c3d3_250
Le saut avant la chûte

L’éducation sentimentale de la jeune Makoto passe à la moulinette des sentiments et les bons moments de rigolade se transforment en cruel dénouement. Les deux personnages secondaires de garçons accompagnent l’héroïne sur les pentes ascendantes et descendantes des derniers jours de classe. Les retours dans le passé deviennent alors un stratagème pour approfondir le background des personnages, un peu comme dans le film Un jour sans fin. La narration excelle dans le fait de mettre Makoto en proie à ses doutes avec un recommencement perpétuel pour des situations toujours différentes. Jusqu’au dénouement subtil…

Un jour sans fin

Yoshiyuki Sadamoto est de la partie. Le character designer de Evangélion et FLCL (entre autres !) apporte sa touche à l’œuvre avec des personnages élancés, possédant chacun leur originalité, magnifique de simplicité. Si Makoto rappelle par instants Hitomi de Vision d’Escaflowne, les autres personnages sont symptomatiques de la jeunesse en général, avec des portraits bien plus complexes que ce qui apparaît dans le premier quart d’heure du film. Si les codes du shojô transparaissent par ci par là, La Traversée du Temps ne souffre en aucun cas d’une comparaison possible avec les stéréotypes du genre.

L’animation est de bonne qualité, la fluidité avec laquelle les personnages se déplacent (même en roulé boulé) est surprenante d’aisance et le film passe très bien à tel point que le temps défile réellement très vite ! La musique se fait plus discrète, à l'exception d'un titre dont les paroles résonnent par rapport au comportement de Hitomi.

L’adaptation d’un nouveau roman de Yasutaka Tsutsui (après Paprika) se révèle dense, profonde et totalement jouissive. La Traversée du Temps se classe parmi ces nombreux films d’animation ayant reçu un accueil froid des grandes salles de cinéma et donc difficilement accessible. Gageons que la future sortie DVD de Kaze fera des envieux…

La traversée du Temps (c) Doki-Doki
La traversée du Temps
(c) Asuka
Le manga

Question scénario, aucun changement notable. Seulement Asuka nous offre une version accélérée du film à raison d'un début complètement zappé et d'une fille connaissant déjà ses pouvoirs. Les raccourcis sont rapides et l'intrigue en devinet moins prenante. Le mangaka passe extrêmement vite sur des points déterminants de l'intrigue oubliant notamment les passages avec l'horloge. Néanmoins, le trio de personnages conserve son charisme mais l'intrigue perd énormément de qualités par le passage papier au niveau des transitions entre scènes et des remontées dans le temps.

Graphiquement aussi. Rnmaru Kotone n'apporte pas sa pierre à l'édifice en se contenant de reprendre l'oeuvre initiaile pour la restituer dans ces moindres détails sans offrir rien de plus (excepté quelques pages bonus). Le design est sensiblement le même que celui de Sadamoto mais avec moins de détail. Bien heureusement, il reste l'intrigue principale pour se rendre compte que l'adaptation n'avait que peu à proposer au format papier...

Note : 7/10