7.5/10Yakitate !! Ja-pan, un pain c'est tout

/ Critique - écrit par Djak, le 23/11/2005
Notre verdict : 7.5/10 - Japan : Miam, mangez en (Fiche technique)

Tags : pan tout yakitate pain hashiguchi takashi tome

La thématique choisie pour Yakitate Japan peut faire sourire un français. En effet, on peut se demander comment un japonais va représenter le parcours d'un jeune homme voulant devenir boulanger. On sent soit la caricature pointer à plein nez, soit que le manga va être du grand n'importe quoi. Mais dans tous les cas, on est forcément curieux de voir le résultat.
En outre, on se demande vraiment où les japonais vont chercher toutes ces idées. La rumeur comme quoi il existe un manga sur tout tend de plus en plus à se vérifier ! Pour autant, à bien y réfléchir parler de boulangerie dans un manga ne devrait pas nous faire tiquer autant. Qui ne se souvient pas du Petit Chef ? Un anime mignon, éducatif et divertissant.

Alors même constat pour le boulanger ?

Être bon comme du (bon) pain

Yakitake !! Ja-pan
Yakitake !! Ja-pan
Kazuma Azuma est fou de pain, une passion atypique quand on est né dans une famille de cultivateur de riz au Japon ! Mais Kazuma a du caractère et un don rare : ses mains sont si chaudes qu'elles favorisent la fermentation du pain. Après dix années d'entraînement et d'innovation, Kazuma décroche une place dans la plus grande boulangerie japonaise, Pantasia. Il se retrouve ainsi confronté à d'autres apprentis boulangers aussi doués les uns que les autres : la délicieuse Tsukino, le viril Suwabara et le roublard Kawashi, qui deviendront vite ses amis. Il fait également la connaissance de ses mentors : l'impressionnant Tensho et le déroutant Kuroyanagi. Long sera le chemin qui attend Kazuma, qui devra mettre tout son coeur à l'ouvrage pour prouver sa valeur, défendre Pantasia contre ses concurrents et atteindre son but : créer le pain national japonais, le « Ja-pan ».

N'ayons pas peur des mots, Yakitate Japan est une vraie réussite. Bien qu'étant un shônen, le titre sort des sentiers battus et cela fait du bien. Il était devenu rare de lire un manga sans avoir une forte impression de déjà vu. Ici, on prend l'air du large et on part avec Azuma découvrir le monde pâtissier. Et il n'y a pas à dire tout est bon dedans.
La structure de Yakitate Japan est pourtant classique, la forme est commune aux autres shônen. Ainsi le premier arc de l'histoire met en scène l'arrivée d'Azuma à Pantasia et sa rencontre avec ses nouveaux compagnons. S'en suit une phase d'apprentissage/entraînement pour enfin déboucher sur les compétitions/tournois dans le monde. En bref on pourrait presque dire que l'on remplace les kaméhaméha par des pains. San Goku était lui aussi en quelque sorte un boulanger à succès vu le nombre de pains qu'il distribuait (désolé, je n'ai pas pu m'en empêcher). Sur le fond, Takashi Hashiguchi innove (tout du moins pour le marché français car au Japon les mangas culinaires sont nombreux). Les recettes sont toutes plaisantes à découvrir, on aimerait avoir un échantillon à porter de bouche. Un conseil, préparer un encas avant d'entamer la lecture du titre.

Tremper son pain de larmes... de rire

Le titre résume l'ensemble, Yakitate Japan est un manga humoristique. Classez-le dans la catégorie des mangas remplis de « nekketsu » et vous devriez vite cerner le genre de gags et situations comiques présentes. Pour les autres, un petit topo s'impose.
Au menu, des personnages hilarants (un grand chef boulanger afro avec la coupe moumoutte qui va avec, un cheval testeur de pains, un apprenti cuisinier au look de samouraï et enfin un héros niais et inculte comme on n'en a jamais vu). Rajoutons à cela des exagérations systématiques quand il s'agit de créer une recette et plus encore quand on en arrive à la cruciale phase de dégustation. La relecture est même conseillée tant les détails drôles foisonnent.

Miches de pain et baguette dans le slip

Le mangaka a beau proposé un sujet original, il n'oublie pas qu'il est prépublié dans un magazine shônen (en l'occurrence le Weekly Shônen Sunday) et qu'il cible donc un public de jeunes adolescents. Rien de tel pour attirer l'oeil qu'une touche de fan service. Rassurez-vous, celui-ci est parfaitement dosé et s'incorpore bien à la recette finale de Yakitate Japan. Takashi Hashiguchi suggère plus qu'il ne montre. Rien de bien vulgaire, juste un brin de séduction. Au lecteur de contempler les belles boulangères aux tenues tendances, pauses suggestives et courbes de rêves. Il n'y a pas à dire, Tsukino a la classe.

L'art de bien tenir sa baguette

Graphiquement, Takashi Hashiguchi propose un travail correct. Rien d'original toutefois dans son dessin. Celui-ci est plutôt réaliste que ce soit dans le chara-design ou dans les décors. Les premiers sont très travaillés, les protagonistes bénéficient tous d'un style personnel. A une moindre échelle on pourrait comparer le travail de l'auteur à celui de Obata, voire de Asada. Une belle comparaison dans les deux cas. La mise en page de Yakitate Japan est dynamique et colle parfaitement au manga avec un découpage et des cadrages aboutis.
Mais, c'est dans un autre domaine que tout le talent de Hashiguchi s'exprime. Yakitate Japan n'en a peut-être pas l'air comme ça mais ce titre s'inscrit totalement dans la tradition des mangas « nekketsu ». La démesure devient le mot clé et est parfaitement rendue graphiquement par l'auteur. Tout les codes sont alors utilisés pour accentuer ces scènes. La disproportion entre les réactions des personnages et la scène en cours entraînent immanquablement un fou rire. Exemple, la dégustation d'un croissant transporte littéralement notre héros sur la lune dans la peau de Armstrong. Vous êtes prévenus, sortez les mouchoirs, visuellement c'est hilarant.

Il reste du pain sur la planche

Sur Yakitate Japan, Akata fournit un travail de bonne facture comme sur ses autres séries. La traduction est de qualité et comblera certainement autant puristes que néophytes. Plus physiquement, on peut chipoter sur le papier légèrement trop fin comme pour les autres séries de l'éditeur dans ce format (Baki, Karakuri Circus...).
A noter, Akata a décidé de faire les choses en grand pour ce manga. Histoire d'être pro, l'éditeur s'est adjoint les services d'un grand artisan boulanger français qui, en plus de signer une préface, nous gratifie d'une postface à l'intérêt discutable. Si l'initiative de Akata est louable, le rendu final est moins intéressant. En effet, on aurait aimé savoir se que pense Christian Vabret des mains solaires, des recettes... Malheureusement, on a pour le moment seulement droit à une biographie de sa personne. Gageons que l'éditeur se rattrapera dans les prochains volumes et que M. Vabret écrira une postface un peu plus intéressante.
Enfin, une fois de plus l'éditeur fait polémique sur la couverture d'un de ses titres. Le changement n'est en rien comparable à celui effectué sur Inugami, ou pire celui de Karakuri Circus. On se demande tout de même quelle mouche a piqué Akata pour modifier les couleurs du personnage sur la jaquette du volume 1. On a l'impression qu'il est passé à la machine.

Au final, Yakitate Japan est certainement le shônen de ce dernier trimestre 2005 avec Fullmetal Alchemist. Croyez-moi, après l'aventure Yakitate Japan , vous ne regarderez plus votre boulanger de la même façon. Avec un peu de chance, le pain aura même une nouvelle saveur.