9/10Blonde Redhead - 23

/ Critique - écrit par Vincent.L, le 09/04/2007
Notre verdict : 9/10 - Enchanteur et éternel (Fiche technique)

Tags : redhead blonde album rock pop jazz kazu

Pour parler du dernier album de Blonde Redhead, les qualificatifs positifs ne sont pas assez forts. Magique et unique sont tout de même les premiers mots qui viennent à l'esprit. A l'écoute des 10 titres, on ne cesse de se délecter de la qualité de ces compositions originales, inspirées, captivantes, enchanteresses et éternelles. Après le sublime Misery is a Butterfly en 2004, le groupe confirme ici son virage pop et s'écarte définitivement de ses amours rock noisy et dissonant du début. C'est un peu comme si la formation avait pris le meilleur des artistes du label 4AD et l'avait mixé pour en faire un produit miraculeux.

Et quelle jouissance ! Chaque titre est bourré d'idées lumineuses. Les chansons s'aiment à la première écoute, s'adorent à la deuxième, s'installent profondément dans notre vie à la troisième et y restent. Elles ne quittent plus nos oreilles, ni les esprits, ni les âmes. Le bonheur qu'elles procurent donne une folle envie de partager l'amour et la beauté qui en émanent. Chaque nouvelle incursion dans les coins et recoins des titres est l'occasion de découvrir des détails indignement ignorés auparavant.

Un concentré d'émotions 


Comme sur le précédent disque, la plage d'ouverture est époustouflante. La chanson éponyme à l'album, 23, concrétise le rêve d'un mélange copulatoire entre Slowdive et Cocteau Twins. On y retrouve la divine et singulière voix de la chanteuse japonaise Kazu Makino. Une voix qui séduit sur un rythme décapant et maîtrisé (joué par le batteur Simone Pace), qui passe comme une caresse divine. Kazu Makino prouve une nouvelle fois ses belles capacités dans les aigus, mais aussi dans des tons plus neutres, notamment avec des choeurs à faire chavirer les plus endurcis. Après une succession de titres impeccables où la mélancolie et la profondeur mélodique sont des évidences (Dr. Strangeluv, The Dress), SW arrive avec le chant spécifique de Amedeo Pace. Parfait contraste face à la voix puissance de Kazu, le chanteur étonne toujours autant par son habilité à la concurrencer dans la sensibilité troublante. Une qualité qu'il surclasse sur Spring And by Winter Fall, titre le plus rock de l'album, qui est une leçon de psychédélisme contrôlé, avec un concentré d'émotions dans un pont qui a de quoi faire mourir de jalousie Coldplay. Car si cet album de Blonde Redhead est particulièrement intéressant et inoubliable, c'est aussi parce que le groupe se fiche parfois des couplets et des refrains. Il adapte les structures selon ses envies, sans pour autant que l'auditeur soit attristé de ne pas réentendre telle ou telle partie musicale.

Puis, comme si cela n'était déjà pas suffisant, la formation offre Silently, chanson dont le simple rythme est passionnant à écouter. Malgré son apparente régularité, il révèle une impressionnante complexité. Grâce aux couplets et refrains, on est transportés dans un monde atmosphérique et féerique entre la dream-pop et une quasi techno pop. Une pépite à déguster sans fin. Publisher s'engage quant à lui dans une voix plus sombre, à mi-chemin entre Depeche Mode et Dead Can Dance. Référence voulue ou non au Odi Et Amo de Jóhann Jóhannsson, Heroine vire du côté de la pop électronique avec son effet à peine robotisé. Son tempo plus calme ferait presque penser à du trip hop, toujours doté d'une intensité touchante à pleurer. Pour ce qui est de clôturer cet album de génie, Blonde Redhead s'amuse à revisiter les années 80 avec un faux semblant electro (le superbe Top Ranking) et une ballade pour soirées lunaires (My Impure Hair). Des soirées dans lesquelles la musique indépendante d'une telle qualité aurait une place prépondérante. Autant dire dans un monde merveilleux et malheureusement... bien trop imaginaire.


Blonde Redhead - 23
01. 23
02. Dr. Strangeluv
03. The Dress
04. SW
05. Spring And by Summer Fall
06. Silently
07. Publisher
08. Heroine
09. Top Ranking
10. My Impure Hair

Crédit photo : Josh Rothstein