8/10The Shins - Wincing the Night Away

/ Critique - écrit par Danorah, le 03/08/2007
Notre verdict : 8/10 - Let there be light (Fiche technique)

De magnifiques petites perles se sont glissées sur cet album, par ailleurs rempli de titres redoutablement efficaces et estivaux.

N'y allons pas par quatre chemins. Si l'on devait désigner (avec un peu de retard, certes) le disque de l'été, ce serait certainement Wincing the Night Away et ses ritournelles ensoleillées. Et si l'on devait désigner (avec un peu de retard, toujours) la chanson de l'été, ce serait, sans aucun doute possible, Australia, deuxième titre de l'album en question. Un disque rayonnant, parfait pour buller en toute sérénité.

The Shins...
The Shins...
Moins homogène que son prédécesseur, Chutes Too Narrow, ce nouvel opus de The Shins offre son lot de chansons à tomber par terre (dans le sens positif du terme), sans pour autant pouvoir se targuer d'être exempt de toute longueur. De fait, le gouffre existant entre la pop légère et sautillante de Australia et la fadeur un peu poussive de Black Wave confère un certain goût d'inachevé à cet album pourtant parcouru de véritables éclairs de génie (si, si).

Pour s'en convaincre, rien de plus simple : il suffit de jeter une oreille - même distraite - sur Australia. Et de constater l'évidence. La limpidité de la chose. Les chœurs pleins de désinvolture, le chant acidulé de James Mercer, la rythmique bondissante, les guitares lumineuses. L'insolente facilité avec laquelle le tout semble avoir été pondu par le leader songwriter du groupe. Et histoire de bien enfoncer le clou, enchaîner sur Phantom Limb, premier single issu de l'album, véritable modèle de la chanson pop parfaite, délicate mais pas surfaite, langoureuse mais pas écoeurante, avec son petit côté désuet tellement... craquant ?... et ses chœurs chavirés à reprendre à tue-tête.

Ces petites friandises sont accompagnées de morceaux plus consistants, le calibrage radio-friendly laissant la place à des constructions plus complexes le temps de quelques chansons : Sealegs, où les petites envolées de flûte traversière et la ligne de basse inoubliable se fondent dans une étendue aussi hypnotique qu'inattendue, ou encore Sleeping Lessons, superbe titre d'ouverture, qui surprend lui aussi par la tournure qu'il prend à mi-parcours. Et que dire de l'imparable Turn On Me, sinon (au risque de passer pour une mystique achevée) qu'il n'y a rien d'autre à faire que se laisser porter par de tels dégagements d'énergie positive ?

... éternels enfants ?
... éternels enfants ?
Tout n'est pourtant pas de cet acabit : si Split Needles parvient (péniblement) à décoller après quelques errements vaguement psychédéliques et s'achève de la plus belle des manières, Black Waves reste désespérément au ras des pâquerettes, et Girl Sailor manque d'un petit quelque chose pour sortir réellement du lot des ballades pop sucrées. Pour ce qui est des ballades, on trouvera un peu plus son compte avec A Comet Appears, grâce à l'interprétation subtile de James Mercer, et éventuellement avec Red Rabbits, pour peu que l'on ne se lasse pas trop vite des arrangements cristallins un peu kitsch dont elle est parée.

Face à un album tel que Wincing the Night Away, deux conclusions s'imposent. La première : avec le potentiel dévoilé par des chansons comme Australia ou Phantom Limb, on est presque déçu que l'album ne soit pas encore mieux qu'il ne l'est déjà. Et oui, c'est injuste, mais courant : plus on en a, plus on en demande. La seconde, qui l'emporte malgré tout : un jolie pop parfaitement ciselée, pas vulgaire pour deux sous, dynamique, lumineuse, c'est un vrai petit concentré de bonheur à conserver bien précieusement.

The Shins - Wincing the Night Away
01. Sleeping Lessons
02. Australia
03. Pam Berry
04. Phantom Limb
05. Sealegs
06. Red Rabbits
07. Turn On Me
08. Black Wave
09. Split Needles
10. Girl Sailor
11. A Comet Appears