Il y a vingt ans : 1989...

/ Article - écrit par krinein, le 16/03/2009

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Souvenez-vous, l'année de la chute du mur de Berlin : Batman et Indiana Jones sortaient au cinéma, Madonna était dans les bacs et les bédévores lisaient les Chroniques de la Lune Noire. Non non, ce n'était pas l'an dernier, c'était il y a vingt ans... Bon ok, c'était l'an dernier aussi.

Cinéma

La sortie cataclysmique de 1989 fut celle, en septembre, du Batman de Tim Burton. Un raz de marée qui tient largement la comparaison avec celui que connaîtra The Dark Knight près de vingt ans plus tard. Mais au rayon des blockbusters, le reste de l'année ne se défend pas mal non plus, grâce à l'injection de quelques suites lucratives : SOS fantômes II, Indiana Jones et la dernière croisade, Le cauchemar Il y a vingt ans : 1989...
de Freddy
, Vendredi 13 chapitre 8, L'arme fatale 2, L'inspecteur Harry est la dernière cible ou encore Retour vers le futur 2 clôturent agréablement une décennie particulièrement fun. James Bond livre son atypique Permis de tuer, qui mettra un terme provisoire à la saga.
Tom Cruise et Dustin Hoffman jouent la course aux Oscars avec le mélodrame Rain man, tandis que Meg Ryan et Billy Crystal donnent naissance à un classique de la comédie romantique appelé Quand Harry rencontre Sally. Michael Moore fait ses premières armes avec le documentaire Roger & moi, dans lequel il n'est absolument pas question de Roger Moore.
La série B n'est pas en reste, puisque George Romero pond un méconnu Incidents de parcours, et John Carpenter livre Invasion Los Angeles, alors même que le jeunot Jean-Claude Van Damme sort un de ses premiers succès, appelé Cyborg. Et vingt ans avant Dragon Ball évolution, une terrifiante adaptation appelée Dragon Ball : the magic begins heurte les écrans.
En 1989, les ex-Monty Python Terry Gilliam et John Cleese sont encore et déjà de la partie, avec respectivement Les aventures du baron de Munchausen et Un poisson nommé Wanda.


Livres

1989 voit sortir en France Le rivage des Syrtes de Julien Gracq et L'étoile et le fouet de Frank 'Dune' Herbert. Plus anecdotique, le récit de SF La dimension des miracles sort également, et François Cavanna regroupe des photos de Doisneau sous le titre Les doigts pleins d'encre.
Jean Vautrin remporte le prix Goncourt pour avoir fait Un grand pas vers le Bon Dieu, et Daniel Pennac remporte un beau succès avec La petite marchande de prose. L'échiquier du mal de Dan Simmons paraît aux USA, il n'atteindra la France qu'en 1992.

BD

Si le personnage d'Astérix était déjà en fin de carrière en 1989 (à l'exception de deux albums hors série qui paraissaient cette année-là de façon purement commerciale : Le coup du menhir et Comment Obélix est tombé dans la marmite), celui de Cédric en était à son premier album sous la férule de Raoul Cauvin et
Laudec. Aux USA, Mike Richardson créait Stanley Ipkiss alias The Mask, qui serait adapté cinq ans plus tard au cinéma avec Jim Carrey. Le mois de mars voyait paraître le premier tome des Chroniques de la Lune Noire, une saga qui compterait quatorze tomes en près de vingt ans. Le Monde d'Arkadi en était également à ses débuts, alors qu'Aquablue en était au tome 2. Les lecteurs français de comics voient leur petit monde chamboulé : l'éditeur Lug est racheté par Semic, qui préserve néanmoins les parutions Strange, Nova, etc. En revanche, le magazine Pilote cesse sa publication en octobre, trois mois seulement après le décès de Jean-Michel Charlier qui en fut un des piliers.

Musique

1989 c'est l'année de la chute du mur de Berlin. Du coup, comme toute chute a des conséquences, c'est l'année de naissance de Tom et Bill Kaulitz. Si vous ne connaissez pas, allez faire un tour dans une classe d'allemand au collège et vous comprendrez vite (si vous n'avez pas perdu de tympan). Mais c'est aussi l'année des premiers albums des groupes qui vont enchanter la scène musicale des années 90 : Nirvana sort Bleach, The Offspring donne naissance à un album éponyme et Green Day lance un EP 1,000 Hours. Comme on dit, excusez du peu. Pendant ce temps, Noir Désir et Red Hot Chili Peppers prennent de l'avance avec, respectivement, Veuillez rendre l'âme (à qui elle appartient) et Mother's milk, et les tubes Aux sombres héros de la mer et Higher ground.
Mais il faut surtout parler d'un nouveau raz de marée qui envahit la planète : Like a prayer de Madonna, qui fera scandale en embrassant un Christ noir qui ne
s'appelait pas encore Obama. En France, le rouge et le noir ne sont plus de mise, mais Jeanne Mas enregistre un album avec Manu Katché à la batterie. On rigole moins. Mais c'est surtout au niveau des singles que ça cartonne dans le pays du fromage et du vin. Déjà Patrick Bruel se casse la voix pour faire hurler les midinettes comme un vulgaire Tokio Hotel. Et puis c'est surtout ces quelques paroles qui résonnent un peu partout : « Seul sur le sable les yeux dans l'eau, mon rêve était trop beau. L'été qui s'achève tu partiras, à cent mille lieux de moi. Comment oublier ton sourire ? Et tellement de souvenirs. » C'est beau comme un naufrage du Titanic, et c'est le Canada qui nous envoie Roch Voisine (juste après Robert Charlebois et juste avant Céline Dion, on ne remerciera jamais assez nos cousins. Comme on dit, on choisit ses amis, pas sa famille).
Enfin on ne peut terminer cette chronique, toujours trop courte, sans évoquer LE succès de l'année. Celui qui des années plus tard sera encore dans les mémoires : La lambada de Kaoma, et qui a lancé toute une série de tubes de l'été, tous plus extraordinaires les uns que les autres. D'ailleurs en parlant de Lambada, il y a aussi Zouk Machine qui commet un Maldon assez culte. Ah et puis François Feldman et Janyce Jamison avec Joue pas (« Joue pas, joue pas comme ça, car la vie ça plaisante pas »), Laurent Voulzy avec Le soleil donne ou Boney M avec Le mégamix de leurs plus belles chansons, Avalance avec Johnny, Johnny come home, Philippe Fontaine et son Coeur de loup... Autant de chansons qui font la joie des soirées radio-bière-foot.
Comme toujours, on ne peut pas parler de tout. Nous avons donc choisi délibérément de passer sous silence la sortie de Doolittle des Pixies, de Pump le dixième album d'Aerosmith, de Disintegration de The Cure (ah ce Lullaby), de The Miracle de Queen (avant dernier album du groupe avec I want it all), de The seeds of love de Tears for fears (avec le hittissime Sowing the seeds of love). Et puis vous allez me dire qu'il n'y a pas beaucoup de hip-hop ou de musiques électroniques dans cette rétro. Ben ça n'existait pas à l'époque (hein quoi Public Enemy a sorti un disque en 89 ? Hein quoi la techno commençait justement à faire ses gammes à Detroit dans ses années-là ?).

Médias

Canal+ se distingue en cette année 1989 : un an après la création des Guignols de l'info, la petite chaîne qui monte lance le Zapping. Elle profite également du récent
succès cinématographique de Y a-t-il un flic pour sauver la reine pour diffuser la série de 1982 Police Squad. C'est également cette année-là que la France voit débarquer chez elle des séries comme Mariés deux enfants ou (hélas) Les feux de l'amour, qui sévit déjà aux USA depuis plus de dix ans. La fiction française ne compte pas être en reste : TF1 lance la première de ses séries policières à succès, Navarro ; la formule du polar familial sera déclinée jusqu'à l'écoeurement au cours des années suivantes. De son côté, FR3 ravive le mythe d'Arsène Lupin avec une série mettant en scène François Dunoyer. Les amateurs d'enquêtes sont en droit de préférer les produits anglo-saxons : le Royaume-Uni délivre Le retour de Sherlock Holmes avec l'inestimable Jeremy Brett, et les USA sortent du placard un Perry Mason désormais gras et barbu (qu'importe, la France n'a jamais vu la période où il était jeune et mince). Les années 80 finissantes laissent en souvenir deux fleurons emblématiques de leur existence : la saison 2 de la série Alf, et le téléfilm Le procès de l'incroyable Hulk, avant-dernière apparition de Bill Bixby en David Banner.


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